Les invités : Youssef Zahoui, Chef de la division des relations avec l’Europe au sein du ministère du commerce extérieur, Najib Akesbi, Economiste, Bachir Rachdi, Rapporteur de la Commission Permanente chargée des Affaires Economiques et des Projets Stratégiques du CESE et Mohammed Benmoussa, membre du Conseil National du parti de l’Istiqlal.
La pratique du Libre échange ne fait pas l’unanimité parmi les économistes. Car si elle comporte des avantages indéniables particulièrement en faveur des consommateurs, la crise économique dans plusieurs pays à travers le monde tend à pousser vers davantage de protectionnisme, et donc, des frontières moins ouvertes au commerce international, soit moins de libres échanges.
Car les gains du libre échange se calculent moins en termes d’avantages pour le consommateur qu’en termes de croissance pour les Etats signataires. Entre les deux, il y’a les entreprises qui, grâce au libre échange, vendent plus à de nouveaux clients sur des nouveaux marchés extérieurs, et, par ricochet, elles produisent plus, ce qui est clairement un avantage à ne pas négliger pour la viabilité des entreprises, qui, de son coté, n’est pas sans effets sur la croissance économique.
Une espèce de cercle vertueux qu’il convient pour les Etats de manier avec prudence et intelligence afin d’en tirer le plus de profits avec le moins de dégâts.
Car l’un des travers des accords de libre échange, et il y’en a plusieurs, c’est d’ouvrir son marché et de s’offrir soi-même une ouverture sur des marchés étrangers quand le produit ou le service local objet d’un ALE, n’a pas la force de concurrence dans son propre marché local, ou pis encore face à des produits concurrents sur un marché extérieur.
Etre partie d’un accord de libre échange qui ne profite qu’à une seule partie, c’est se tirer une balle dans le pied, asséner le coup de grâce à des entreprises dont l’agressivité de la production à tous points de vue demande encore à être pensée fondamentalement et profondément.
Dans ce sens, la montée des pratiques protectionnistes, particulièrement par temps de crise, trouve peut être, si ce n’est pas sa justification, mais du moins, son explication dans une volonté de protéger les marchés nationaux dont les entreprises peinent à vendre, non seulement à l’étranger, mais aussi localement parce que pas suffisamment attrayantes même chez soi.
Sauf que le protectionnisme a mauvaise presse à l’ère de la mondialisation. Le protectionnisme, ça fait mauvais genre. Voilà pourquoi certains pays en usent et abusent tout en défendant, dans les discours politiques, davantage d’ouverture. Dans la pratique cela s’appelle le protectionnisme dissimulé. Cela permet de tirer tout l’avantage du protectionnisme sans en dire le nom. Et la liste des pays qui y ont recours, pourrait avoir de quoi en étonner plus d’un.
Qu’en est-il au Maroc ? Nous le savons, le Maroc, dans une volonté d’ouverture sur l’économie mondiale, a conclu un certain nombre d’Accords de libre échange avec un certain nombre de pays. Mais quand c’est l’heure des bilans, celui-ci n’est pratiquement jamais à l’avantage du Maroc. Alors des économistes, des analystes et des observateurs continuent de se poser la question du bien-fondé de cette politique d’ouverture. Le Maroc n’a-t-il pas besoin d’une politique commerciale plus stratégique, quitte à ce qu’elle soit un peu moins ouverte ?
Les Accords de Libre Echange signés par le Maroc dans une conjoncture économique différente de l’actuelle, ne sont-ils pas à renégocier de façon qui soit plus avantageuse et surtout plus adaptée à une conjoncture économique nationale difficile ? Voilà une première piste que nous discuterons avec nos invités.
Par ailleurs, comme d’autres le préconisent, l’Etat ne devrait-il pas intervenir davantage afin de protéger les entreprises nationales de plus en plus en difficulté, même localement, face à l’invasion de produits étrangers turques, chinois ou autres qui manient à la perfection la balance qualité/prix ? L’Etat Marocain ne devrait-il pas être plus protecteur, pour ne pas dire protectionniste, jusqu’à cde que les entreprises nationales soient en mesure d’affronter la concurrence internationale ? Voilà qui pourrait être le choix de l’’extrême. Mais avons-nous besoin du choix de l’extrême ? C’est la deuxième piste à explorer avec nos invités dans le débat que nous ouvrons cet après-midi dans Avec Ou Sans Parure.
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