Invités : Amina El Malih, Directrice de l’Association Bayti, Mustapha Brahimi, Député PJD – Vice-président de la Commission des secteurs sociaux au parlement, Ahmed Zaki, membre du Bureau Politique du PPS, Bouchera Ghiati, Présidente de l’Association Insaf et Ibtissam Bougataya, Membre du Bureau Fédéral de la Fédération de la Ligue Démocratique des Droits des Femmes
Elles font partie du paysage depuis tellement longtemps que leur situation n’émeut plus autant qu’elle le devrait. Des propositions ou des projets de loi leur donnant ou leur enlevant un peu de droits, les remets aux devants de la scène de temps en temps, le temps de croiser leur situation actuelle avec celle qui devrait être la leur dans un monde meilleur.
Notre débat porte cet après-midi sur celles qu’il est convenu d’appeler « les petites bonnes » et qu’il est peut-être plus convenable d’appeler « enfants privées du droit à l’enfance » ; celles qui, comme certains médias étrangers ont qualifié ces dernières semaines de « nouveau visage de l’esclavagisme » au Maroc.
Elles seraient entre 60.000 et 80.000 d’après le « collectif pour l’éradication du travail des petites bonnes » âgées de 8 à 15 ans. Domestiques de leur statut. Ce sont des filles qui, pour des raisons souvent présentées comme étant matérielles liées à la pauvreté, se retrouvent dans une configuration quasi contre-nature, à travailler pour subvenir aux besoins de leurs parents.
Mais si le sujet a longtemps été tabou profitant probablement aussi d’un effet de banalisation, il est à noter que depuis peu, les barrières sautent les unes après les autres, sans doute aidées dans cela par une l’action acharnée de la société civile.
Coté gouvernement, c’est un projet de loi qui se heurte aux péripéties du circuit législatif depuis plusieurs années. Plusieurs longues années. Un projet de loi qui ne sait pas si c’est à 15, 16 ou à 18 ans qu’une fille peut travailler en tant que domestique et entre-temps, il continue à y avoir des filles de 6 ans qui travaillent, toujours, en tant que domestiques. Pourquoi a-t-on autant de mal à trancher ? Pourquoi est-il si difficile d’imposer 18 ans comme étant l’âge minimum pour le travail des enfants ? Qui cela arrange et qui cela dérange ? Nous poserons ces questions à nos invités.
Enfin s’il est question d’imposer ou encore d’interdire, il est aussi et surtout question de prévenir. Comment faire pour qu’au lieu d’envoyer leurs petites filles travailler chez des familles plus ou moins aisées, celles-ci soient envoyées à l’école ? Comment, en l’absence d’une éducation scolaire ou d’une formation professionnelle, ces jeunes filles issues de familles nécessiteuses soient, à l’âge légal de travail, convenablement intégrées dans le marché du travail ? C’est le débat que nous ouvrons tout de suite dans Avec Ou Sans Parure.
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