Les brigades de répression du vice et de promotion de la vertu ont encore frappé. Leur cible cette fois-ci, l’hymen.
La tâche est délicate, il s’agit de viser l’hymen sans le rompre.
Il s’agit d’une vaste entreprise de catégorisation du cheptel des reproductrices en fonction de l’existence ou de la non existence de cette fameuse membrane.
Le cheptel se divise apparemment en deux catégories :
- d’une part celles qui, Dieu soit loué, sont encore pourvues de la fameuse membrane. L’honneur est sauf et respect leur est dû. Amen. Quiconque, s’il n’est chanteur à succès ou parlementaire, s’avise de déflorer la fine fleur du cheptel sera impitoyablement poursuivi et sanctionné. Un viol avec défloration d’une de ces vertueuses petites bêtes est ainsi sanctionné de vingt années de réclusion criminelle. Le violeur maladroit qui sodomiserait l’une d’entre elles au lieu de la déflorer ne risque en revanche que cinq ans d’emprisonnement. Ce qui peut naturellement se comprendre puisque l’hymen est préservé. La maladresse est parfois une bénédiction. Amen.
- d’autre part celles qui, Dieu nous préserve, sont dépourvues de la sacro-sainte membrane. Parmi celles-ci, faisons attention car toutes ne sont pas à blâmer. Loin s’en faut. Celles qui ont perdu leur hymen quelques heures après avoir été secouées dans une amaria afin que la pulpe reste bien en bas, ont naturellement droit à tout notre respect et sous la conduite et les instructions de leur moitié en religion, elles produiront les filles et les fils vertueux dont la oumma a besoin pour tenir les murs chancelants de nos cités.
Par contre, les autres, celles dont l’hymen n’a jamais rencontré une amaria, et bien leur viol n’est puni que de cinq ans d’emprisonnement. Et encore, pour cela, il faudrait qu’elles puissent avoir le courage d’aller porter plainte et d’expliquer que bien que ni vierges ni mariées, elles ont été violées. En plus de la toute relative protection dont elles bénéficient légalement, celles qui refusent le cadre du mariage devront payer de leur liberté, l’exercice d’une quelconque activité sexuelle.
Bref, pour les amoureux des chiffres ou d’anatomie, un hymen vaut 15 ans d’emprisonnement à celui qui se l’approprie hors cadre du mariage et donc hors paiement du prix d’usage du corps de la femme. Celles qui prétendent faire ce qu’elles veulent de leurs cheveux et surtout du reste de leurs corps encourent quant à elles une peine d’emprisonnement d’un mois à un an par infraction constatée. Ce qui se traduit si force doit rester à la Loi par une peine mensuelle d’un peu plus de 8 années d’emprisonnement si l’on s’en réfère aux chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé qui établit la fréquence des rapports sexuels pour les hommes et les femmes à 8,7 par mois.
Toujours pour les amoureux des chiffres ou d’anatomie, ne me posez pas la question, je ne sais pas à qui correspond 0,7% d’un rapport sexuel.
Si les hymens sont fragiles, les mentalités au Maroc ont la peau dure.
Dura lex, sed lex.
Poster un Commentaire