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Après 4 septembre : la fracture entre citoyens et classe politique


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Les résultats des élections communales et régionales récentes ne sont pas le signe d’une exceptionnelle vitalité démocratique et participative, loin s’en faut.

On peut se gargariser, il est vrai, d’un taux de participation de 53,6% des inscrits… soit 1 électeur inscrit sur 2… pas très loin d’ailleurs de la participation de 2009.

En réalité, il ne s’agit finalement que d’un marocain sur 5 si on rapporte le nombre de votants effectifs à la population réelle totale.

Le manque d’intérêt, d’adhésion et de positionnement des citoyens par rapport aux partis et à leurs programmes politiques est de toute évidence manifeste et inquiétant… mais il est vrai je vous le concède que de programme électoral, on n’a point vu…

Certes, le PJD enregistre une percée significative tant dans les zones urbaines que dans les zones rurales, mais s’agissant d’enjeux locaux et de proximité, les citoyens ne se sont pas déterminés sur la base de programmes…

Au niveau local, les candidats du PJD eux-mêmes n’ont guère présentés ni défendus de programmes d’action… Le positionnement était somme toute clair, simple et payant : Défense de la bonne gouvernance, argument de l’intégrité et rejet des élites locales.

Toute réussite étant par définition suspecte, les marocains se sont déterminés pêle-mêle contre la bourgeoisie d’affaires, les notables locaux, les élites occidentalisées, la corruption, mais aussi contre le système traditionnel des partis qui est accusé de nourrir et de se nourrir des tractations et des combines.

Les marocains ont aussi exprimé un rejet profond et parfois violent sur les réseaux sociaux et à travers leur vote, de certains personnages politiques nationaux focalisant dégout et dédain et symbolisant à leurs yeux à tort ou à raison la voracité, l’arrogance, l’élitisme méprisant et l’opportunisme.

Loin d’être des atouts, ils sont désormais clairement devenus de véritables boulets pour leurs partis mais aussi pour une construction démocratique équilibrée et apaisée tant ils sont clivant et tant ils décrédibilisent l’essence et la noblesse même de la politique.

Autrement dit, Il y’a certes un vote d’adhésion au PJD mais il y’a aussi et surtout un vote de rejet de la classe politique traditionnelle qui dépasse de loin les clivages réducteurs liés à l’identité et à la religion.

Le PJD ratisse large… très large… chez les jeunes, les fonctionnaires, les cadres, les commerçants, les professions libérales et même les femmes émancipées, actives et citadines. Les scores enregistrés lors de ces élections sont très loin de refléter la puissante vague Pjdiste.

En face, peu ou moins d’engouement et d’adhésion… Mais comment les susciter, me diriez-vous.

  • Alors que la transhumance et la girouettite aigue faussent la nécessité de clarté politique et le discernement/jugement des électeurs
  • Alors même je le disais que de programmes et de proximité réelle, il n’y a finalement pas eu
  • Alors même que la « campagne électorale éclair » s’est résumée sur le terrain en un défilé de T-shirt et de casquettes agrémenté de pauses dégustations de karmoss et de pauses musicales derbouka immortalisées facebook oblige par des selfies
  • Alors même qu’il y a de moins en moins de militants d’adhésion et de conviction mais que le recours aux mercenaires et aux intermédiaires est devenu la règle
  • Alors même que bien des candidats à la recherche de tremplins locaux ne semblent eux-mêmes pas adhérer par conviction à certains partis mais semblent davantage guidés par l’opportunisme politique et la défense d’intérêts personnels
  • Alors même que les moyens financiers importants mobilisés ne suffisent plus à emporter l’adhésion et les suffrages
  • Alors même que la surenchère populiste entretenue par certains personnages politiques et une certaine presse isole, rend inaudible et étouffe les Femmes et les Hommes politiques sérieux et ne contribue pas à l’émergence d’un vrai débat de fond

Ironie du sort le PJD qui a tant critiqué le système, les combines et le jeu des partis se retrouve lui-même au centre des tractations, des négociations secrètes et des conciliabules… nouant des alliances et des coalitions avec les partis ou les notables locaux que ses électeurs et ses militants rejettent et honnissent pourtant si viscéralement…

À n’en point douter, un boulevard s’offre au PJD pour les législatives de 2016.

Mais d’ores et déjà, à la lumière des coalitions et des arrangements qui se dessinent tant au niveau communal que régional, le PJD n’est il pas définitivement rentré dans le rang et ne serait il pas finalement devenu tout simplement un parti comme les autres?


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