Balance ton porc, voilà un « hashtag » qui fait désormais fureur. Une occasion de dénoncer par un procédé peu orthodoxe, de vrais actes d’agressions d’ordre sexuelles, mais également l’occasion de règlements de comptes, de vengeances et d’éventuelles diffamations. Et l’on ne sait que trop bien, que bien qu’acquitté, et bien qu’innocent, un homme portera à jamais, le stigmate d’une accusation diffamatoire de viol, que les regards accusateurs des autres, ne manqueront pas de le lui rappeler, à chaque occasion, en chaque lieu. Il en va de même pour la femme violée, dans des proportions bien entendu largement supérieures.
Le « reductio ad animalium », pratique couramment utilisée par les différents régimes totalitaires comme pour déshumaniser leurs opposants pour mieux les abattre, et qui permet de faire l’économie de l’intelligence, ne semble pas trop gêner certaines féministes libertaires, dont le référentiel est souvent celui des droits des l’Homme, dont la dignité serait, nous dit-on, inaliénable.
Car avec cette pratique on peut aller très loin, où par exemple dans un contexte d’islamophobie en Europe, on aura peut-être bientôt droit à un « balance ton chameau » pour dénoncer ceux que l’on qualifiera d’islamistes, ou encore un « balance ton rat » pour qualifier les sionistes ou les juifs comme dans les années 30 dans une certaine Allemagne, ou enfin le pendant du « balance ton porc » qui pourrait être naturellement un « balance ta truie », pour qualifier les quelques femmes aux mœurs et à la tenue légères, et affichant un amour inconsidéré pour le fric. Car n’oublions pas, il n y a pas de porcs sans truies !
Par cette pratique, on sort le combat légitime des femmes violentées et abusées du cadre juridique et social, pour le projeter dans celui de la subjectivité émotionnelle, du lynchage et de l’amalgame.
De même, l’hypersexualisation de la société produite par une certaine mode, ou sous-mode en réalité, dans une démarche aliénatoire d’émancipation par l’affirmation publique du corps et du désir, engendre une violence symbolique, mais aussi biologique, que d’aucun pourrait qualifier d’harcèlement, où, dans un contexte de dé-ritualisation des rapports hommes-femmes, d’effondrement moral et d’inégalités économiques profondes, certains hommes, privés du capital culturel et économique de séduction, se voient condamnés à une misère sexuelle dans un contexte hypersexualisé, que l’on pourrait qualifier de « pornocratie » pour reprendre l’expression de Joseph Proudhon.
Car la liberté radicale du vêtir ou du dévêtir, réclamée par un certain féminisme libertaire et qui, en renvoyant à l’homme le devoir de baisser le regard dans une démarche de castration, participe d’une négation même du principe de « pudeur » en tant que compromis culturel et social, en vue d’harmoniser les rapports sociaux dans l’espace publique.
Et c’est en cela que le féminisme militant et le mouvement LGBT, représentent les deux vecteurs et cheval de Troie de la logique libérale qui, par l’hypersexualisation, annonce une hyper-consumérisation et une réification des corps et du lien social. Et c’est là où les deux extrêmes se rejoignent, puisque dans une démarche radicalement opposée, le féminisme libertaire et les salafo-wahabisme, convergent dans la sexualisation intégrale du corps féminin, les premiers par un dévoilement intégral, les seconds par un voilement intégral.
Cette approche méta-basique propre à la modernité, crée des sujets autistes et privés de mondes, donnant lieu à une dialectique dont l’aboutissement naturel étant un état de névrose généralisée, terreau favorable à l’éclosion d’une violence latente, et des fois déployée. Certes, il est important de rappeler que le viol, forme ultime de domination, qui, si ça ne tenait qu’à moi serait puni de mort, est en germe dans l’acte d’harcèlement, qu’il est ici important de distinguer de la séduction. Puisque entre l’harcèlement en tant que violence unilatérale et asymétrique et le viol, il n y a qu’une différence de degré et non de nature.
Mais il ne faut pas oublier qu’une violence en cache souvent une autre, et que toutes, sont autant injustifiables que condamnables. Un homme ça s’empêche, une femme aussi.
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