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Big Data

Le Big Data de nos pulsions


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Big Data

Big data et data mining sont aujourd’hui les objets frénétiquement désirés de la recherche et du business. Mais que trouve-t-on au très narcissique miroir des statistiques de nos requêtes ? Le Guardian nous rapporte qu’un ancien salarié de Google, Seth Stephens-Davidowitz, vient de passer quatre ans à analyser les données — anonymisées, précise-t-il — du plus gros moteur du Web. Il estime avoir accès à « la plus importante base de données jamais construite sur la psyché humaine ». Américaine, pour être exact, puisqu’il s’est limité à ses compatriotes. Sexualité, santé, religion… lui sont apparues sous un nouveau jour.

On le savait depuis les années 50, les enquêtes sont généralement biaisées par ce que les sondés, même sous couvert d’anonymat, ont le réflexe très humain de se présenter sous un jour espéré plus flatteur, ou conformiste. C’est évidemment beaucoup moins le cas dans pour la question posée seul(e) devant son écran. Stephens-Davidowitz a titré son livre : Everybody lies (Tout le monde ment).

Il note quelques différences de genre. Certaines sont attendues, d’autres moins. Ainsi, les hommes se renseignent plus souvent sur la taille de leur organe génital que sur la façon d’accorder une guitare ou de faire une omelette. De plus, pour 170 hommes qui s’interrogent sur leur entrejambe, une seule femme s’y intéresse. À ce propos, lorsque les femmes américaines évoquent l’anatomie de leur partenaire, 40 % d’entre elles se plaignent de douleurs occasionnées par une taille excessive. Malicieux, le chercheur remarque qu’il n’y a que 1% des Américains voulant changer leur plus précieux aspect qui songent à le réduire. La communication n’est pas encore au point, pourrait-on conclure.

Les parents se posent deux fois plus souvent la question d’un éventuel surpoids à propos leur fille que de leur garçon. Aux États-Unis, l’obésité infantile ne concerne « que » 28% des filles, contre 35% des garçons. Impossible de savoir s’il faut y voir un lien de causalité. La haine raciale et religieuse au prisme de Google Trends offre quelque intérêt. La collection des adjectifs accolés, ou pas, aux mots « musulman », « chrétien », « juif », « Noir », « asiatique » ou « Mexicain » est assez révélatrice des préjugés, même si l’on évitera de les répéter à l’antenne. L’outil numérique permet aussi de suivre les évolutions dans le temps (court) de l’actualité.

Sans surprise, la tuerie de San Bernardino, en 2015, provoque une vague de messages haineux contre les musulmans. C’est après tout l’effet recherché par les tireurs eux-mêmes. Mais ces statistiques font apparaître une chose peu mesurée à l’ordinaire. Lorsque le président Obama a rappelé dans son discours après le drame que « Les musulmans sont nos amis, nos voisins, nos collègues de travail, nos champions sportifs… » et que certains portent l’uniforme, le chercheur s’aperçoit que, pour la première fois « depuis au moins un an », dans ses données, les mots « athlète » et « soldat » sont les premiers associés à « musulman ».

Deux mois plus tard, Barack Obama réitère l’exercice, depuis une mosquée, en parlant de médecins, d’architectes et d’enseignants… « La plupart des recherches haineuses ont baissé dans les heures qui ont suivi », remarque Stephens-Davidowitz. Bon, le phénomène est un peu plus complexe — il y a aussi des réactions virulentes aux rhétoriques courageuses —, mais voilà qui jette une lumière crue sur les effets de la parole des politiques. Si l’humanité entière a, hélas, le racisme en partage, ses dirigeants ont bien la capacité de l’attiser, ou de le contenir.

Ce qui donne raison à Achille Mbembe qui, le 12 juillet dans l’Express, a pressé Emmanuel Macron d’abandonner « la vacuité intellectuelle et le cynisme » de « la langue des milliards d’euros » pour en parler une qui travaillerait enfin « à l’avènement d’une civilisation de la circulation ». Il est vrai que, ces dernières semaines, le jeune président français a de drôles d’airs de Jean Dujardin jouant OSS 117 en kwassa-kwassa dans la baie de Dakar.

Jazzman impénitent, originaire de Turquie, le français Marcel Zanini a transformé quelques standards en tubes de variété, à la naissance des années 1970. Il a su capter son époque avec humour, mais ses arrangements ne cédaient rien sur la qualité, comme avec ce Rallebol.


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