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bourgeoisie inculte

La bourgeoisie inculte : ce que nous coûtera le désintéressement de l’élite rentière


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Les invités

• Hassan Aourid, auteur et professeur universitaire

• Majid Dkhissy, sociologue

• Omar Benjelloun, avocat et universitaire

• Driss Jaydane, chroniqueur Luxe Radio chargé des questions philosophiques

Édito

La classification sociale est un fait. Si, théoriquement, nous appartenons tous à la même société, il est évident que l’on n’y vit pas tous de la même manière. La Bourgeoisie a, à ce titre, et depuis son apparition, réussi à s’imposer au sein de la société et à être perçue par celle-ci comme une classe dominante et privilégiée. Une classe sociale se distinguant, d’abord par sa richesse et dont l’existence est intimement liée à l’existence d’une classe sociale financièrement moins aisée. Les deux étant, en quelque sorte, condamnées à coexister, dans un rapport d’exploitation d’un côté et de dépendance, par ailleurs. Un contraste social criant qui ne fera que s’accentuer les siècles passant, et à nos jours, d’ailleurs.

Cette classification sociale va encore plus loin jusqu’à sous-catégoriser la Bourgeoisie même. Car, les Bourgeois, ne le sont pas tous de la même manière, ni au même rang. Il y aurait la grande Bourgeoisie, la moyenne et la petite. Mais en règle générale, au Maroc à titre d’exemple, la bourgeoisie va de plus en plus être assimilée à la classe moyenne de nos jours. Les Bourgeois, on les retrouve dans les quartiers chics, dans les grands hôtels, leurs enfants dans les meilleures écoles, et eux occupant les postes aux revenus les plus élevés dans des professions salariées ou dans des métiers libéraux.

Dans la caricature sociale quasi-imposée par une réalité qui défie tous les idéaux d’une société égalitaire, les Bourgeois vont employer des personnes issues d’une classe sociale moins élevée, dans leurs usines, leurs entreprises, leurs commerces ou leurs domiciles. Les enfants issus de familles défavorisées, subiront des hôpitaux publics, des écoles publiques, des habitations dans des quartiers dits « populaires », quand les loisirs seront pour eux une notion abstraite ou un luxe dont ils n’ont pas les moyens.

Voilà comment, dans la forme, le monde donne l’impression d’avoir évolué, quand au fond, les structures sociales continuent de résister au temps en se confortant davantage dans des normes qui datent des premiers siècles de notre ère.

S’il est une chose que la Bourgeoisie a réussi de tout temps, c’est bien de se rendre indispensable à toutes les classes sociales. Par ses investissements dans des secteurs vitaux et par sa contribution à créer de l’emploi, la Bourgeoisie est, plus que cela, devenue économiquement nécessaire au développement de tout pays. Mais ce faisant, il est aussi convenu que la Bourgeoisie a ainsi réussi l’autre exploit, plus grand et sans doute aussi plus dangereux, de prendre l’Etat en otage de ses propres intérêts. Car, à moins que la Bourgeoisie ne s’inscrive, volontairement et consciencieusement, dans un rapport économique et social gagnant-gagnant et, dans la mesure du possible, digne et équitable pour tous,, il est évident que rien ne l’y oblige expressément.

La classification sociale a mis en panne un ascenseur social qui, de toute évidence, fonctionne autrement qu’au mérite. La valeur travail est biaisée et les cartes sont distribuées à la naissance faisant s’accrocher les Bourgeois davantage à leurs privilèges, et les plus pauvres sombrer davantage dans la dépendance et la précarité. La Bourgeoisie, quand elle n’est pas citoyenne, elle est dangereusement égoïste et fatalement désintéressée par la notion d’intérêt général. A défaut de pouvoir supprimer les classes sociales, comment les harmoniser au service, justement, de l’intérêt général? C’est le débat que nous ouvrons avec nos invités dans Avec Ou Sans Parure.


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