Toute violence se veut précédée par une appellation. Un nom, qui porte en lui les moyens et les fins d’une terrible rationnelle condamnation. De sorte que les violences, aussi folles, dans leurs manifestations, lorsqu’elles surgissent, par exemple dans l’Espace public, supposent que leurs victimes ait été comme rebaptisées, par l’insulte, l’exclusion, l’anathème, l’amalgame… Il n’est pas de violence qui ne commence par retirer à l’autre, le nom qui est originellement le sien.
Cette terrible opération, il n’est pas d’être humain qui ne l’ait pas vécu, subi, – chaque moment d’une histoire, chaque moment du savoir que produit un pouvoir produit des noms, qui excluent, ou pire, des noms qui tuent… Les « fous », les « invertis », les « lunatiques », que dire, aujourd’hui, dans certaines contrées africaines des albinos, chez nous, des subsahariens auxquels, ici, en ce pays, on a donné le nom « Ebola », des arabes, des musulmans, presque partout, en vérité… De sorte que la violence donnée suppose que préalablement ils étaient mal nommés.
Cette opération, cette désignation, cet enfermement dans un nom et un seul, voit s’ensuivre immédiatement une seconde, qui en découle et en renforce les effets… Dernièrement, dans ce pays, un jeune homme qui faisait du skate board, dans la rue, a subi une violence intolérable, de la part d’une sorte de colosse, dont le corps était empli de ressentiment, mais qui n’a pas failli, lui non plus, à la terrible Loi de la Mal-nomination. Ceci, est répétons, indigne de toute société, particulièrement la nôtre qui, en son éthique musulmane, du moins ce qu’il en reste, devrait savoir se défendre contre cette forme de violence, qui est aussi une vengeance.
Car toute humiliation, tout ce qui brise l’autre dans sa Dignité, tout cela se construit, se fabrique, se produit… Elle suppose qu’une haine habite les cœurs, les esprits, le langage. Or, nous le savons, la Haine est une construction, presque patiente, qui travaille les individus, probablement victimes, eux aussi, d’humiliations, le florilège est tel que nous n’en manquons pas… Pour autant, si un rôle devait être dévolu à la politique, au Discours, c’est bien celui qui consiste à dénoncer ces haines, ce ressentiment, qui sont l’apanage des Hommes les plus hideux, mais se distille, chaque jour, partout.
Quel parti, quel responsable politique s’en est pris réellement à la construction, au discours de la Haine ? Aucun, vraiment, alors que c’est le vrai sens du combat qui devrait être mené… Pour qu’un jeune, pour de fausses, mais à la fin, de terribles raisons ne subisse pas les coups dont une société est en devoir de la protéger. Combattre le discours de la Haine, voilà bien ce qui devrait porter le nom de Politique, en ce pays.
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