Il s’agit, ce matin, de l’instant paradoxe, le plus interrogatif et le plus problématique. Il posera des questions sur le ou les modes opératoires du terrorisme. Il interrogera la logique terroriste, son processus de revendications ou de reconnaissances.
Nous sommes loin de l’époque, et je suis confus de le dire, de la voiture piégée au Liban, des poubelles piégées à Paris et des avions détournés sur les aéroports internationaux. Cette méthode datant de l’après-guerre semble plus ou moins révolue. La mondialisation s’est invitée, la globalisation des sociétés a fait son apparition et le monde a découvert la connexion Internet.
Après 1990, les rapports entre nations ont pris une autre mesure. Nous sommes loin du terrorisme revendiqué par des minorités portant une cause nationaliste puisqu’aujourd’hui d’autres paramètres se sont invités. Après le 11 septembre 2001, le terrorisme a pris une toute autre ampleur. Il s’est attaqué à une puissance économique, avec avions de lignes, ciblant deux tours et faisant des milliers d’innocentes victimes.
Nous sommes entrés alors dans la globalisation du terrorisme avec son caractère multinational. Il est devenu plus aveugle, davantage cruel et déraisonnablement fanatique passant par le 22 juillet 2011 à Oslo par Anders Brevink, l’assassin de l’Ile d’Utaya, le 7 janvier à Charlie Hebdo avec les frères Kouachi ou le 13 janvier à Paris passant par Bruxelles avec Salah Abdeslam ou bien Ouagadougou.
Des actes vils, lâches, barbares que les mots ne dénoncent plus avec la puissance que l’on aurait souhaitée. En 1990, la connexion du monde, l’enrichissement déséquilibré des nations, les agressions sur pays pauvres, la paupérisation sont passés par la case amertume et choc.
Les frustrations de bien des jeunes, notamment d' »origine », vivant en Europe ou aux États-Unis les avalent vers un objet terrestre non identifié du nom de Daesh. Ces jeunes minoritaires certes alimentent des réseaux radicaux et préparent des actions de plus en plus solitaires et c’est le plus grave.
Récemment, l’assaillant qui a abattu l’officier de police français et sa compagne, a revendiqué son crime quelques minutes après son exécution. Celui d’Orlando l’avait fait quelques heures avant son carnage faisant 49 morts en tombant dans les bras de Daesh.
Et si Daesh profitait de ces jeunes perdus, égarés dans des pays cibles? Et si Daesh les utilisait pour se refaire une existence sur la scène de la violence? Par définition un attentat est revendiqué avec la mention : « Nous l’avons envoyé exécuter une opération », mais dans les cas précités, c’est le terroriste qui cherche à se donner bonne conscience en s’accordant à ce qui va médiatiser sa frustration et son acte fou.
Et si ces hommages grandiloquents sur Times Square, la Tour Eiffel où au drapeau des pays donnaient encore plus d’excitation à ces fous idéologiques dont les actes ne pourraient être justifiés par aucune cause.
Que ce soit Anders Brevink d’Oslo de confession chrétienne, Ygal Amir de confession juive et assassin d’Ithzak Rabin ou Salah Abdeslam de confession musulmane, commanditaire des attentats de Paris, tous ont un point commun, la haine de l’autre, la rancœur et la folie. Quelle crédibilité apporter enfin à Daesh qui revendique un attentat alors qu’il l’ignorait quelques minutes avant ?
Le profil des assaillants répond à un jeune homme d’une trentaine d’années souvent d’origine étrangère vivant dans des pays occidentaux… en mal d’existence mais trouvant réponse dans la plus cynique des situations… La lâcheté institutionnelle quelle que soit sa confession. Les religions n’ont pas de sang sur les mains. Ce sont plutôt les quelques humains déraisonnés qui la leur font porter.
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