Le 23 mai dernier, le président Philippin Rodrigo Duterte, en visite alors à Moscou, a écourté précipitamment sa visite pour revenir au pays, en raison de la situation extrêmement tendue dans le sud du pays, où une rébellion armée ayant fait allégeance à DAESH a pris de plus en plus d’ampleur ces derniers mois.
Duterte qui a promis de démissionner s’il ne parvenait pas à vaincre les pseudo-djihadistes de DAESH, n’en est pas à son premier défi. En 2013, il avait fait de la lutte anti-drogue son cheval de bataille et sa croisade, qu’il a menée il faut bien le dire d’une main de fer, s’attirant les foudres de toute la bien-pensance occidentale, en raison de la dureté de la répression et des 2500 criminels tués par les forces de l’ordre. En réaction aux critiques occidentales, principalement américaine, Duterte n’avait pas hésité à qualifier Obama, ….comment dire…. de fils de « fille de joie » pour rester courtois.
Aujourd’hui, Rodrigo Duterte fait face à un nouveau défi, qui n’est pas sans relation avec le précédent, puisque « traffic de drogue » et « pseudo-djihadisme » s’entremêlent souvent et se nourrissent mutuellement.
Mais n’oublions pas aussi que les réseaux djihadistes sont également quand il le faut, une sorte de légion arabe de la CIA, du MI6 ou du Mossad pour punir tel ou tel leader insoumis. Ce fut le cas en Afghanistan contre les soviétiques, en Lybie contre Kadhafi, en Syrie contre Al Assad et maintenant aux Philippines. Sachant aussi que le wahhabisme, sponsorisé par certaines pétromonarchies du Golf, est aujourd’hui dans le monde musulman l’idéologie de beaucoup de rebellions antiétatiques en manque de cohésion et de force d’enrôlement.
Cela fait qu’au-delà de la lutte contre la criminalité et le terrorisme, la politique de Rodrigo Duterte est animée par une volonté sérieuse d’émancipation de son pays des principaux schémas de domination du système mondialiste. Ainsi, il a annoncé ne faire plus confiance qu’à Moscou et à Pékin, Moscou où il n’est pas allé chercher que des armes, mais surtout un soutien diplomatique et géopolitique.
Il a également annoncé la possibilité de quitter l’ONU à qui il reproche de ne pas en faire assez pour combattre la faim dans le monde et le terrorisme, pour créer une structure alternative au sein de laquelle il inviterait la Russie, la Chine et les nations Africaines. Enfin, il compte annuler l’alliance militaire qui lie son pays aux États-Unis, ainsi que de quitter la Cour Pénale Internationale (CPI). Un programme chargé mais néanmoins inévitable pour redevenir souverain.
Ainsi, malgré son côté fantasque, brutal et extravagant, Duterte incarne en quelque sorte cette virilité et ce courage politique qui manque cruellement aujourd’hui aussi bien en Occident qu’en Orient, et pourrait représenter dans un futur proche, un partenaire, voire un allié intéressant pour le Maroc, pourvu que Duterte survive aux tentatives de déstabilisation occidentales qui le ciblent actuellement, les mêmes déstabilisations qui ont étouffé et continuent de déstabiliser économiquement et politiquement le Venezuela, où celles qui ont fait tombé Allende au Chili pour mettre au pouvoir Pinochet, et pourvu que le Maroc prennent enfin et sérieusement le chemin de la reconquête de sa souveraineté.
Poster un Commentaire