La Fondation Attijariwafa bank organisait le Vendredi 13 Mai 2016 à Fès, dans le cadre de son cycle « Échanger pour mieux comprendre », une conférence sous le thème : « Ethique et prospérité : comment les savants, bourgeois et fondateurs ont façonné la cité islamique ».
Cette rencontre organisée en marge du Festival des Musiques Sacrées de Fès, a réuni deux éminents philosophes marocains ayant énormément travaillé sur la notion d éthique à savoir Messieurs : M Abdou Filali Ansari, Philosophe, auteur de plusieurs ouvrages sur le sécularisme, la démocratisation et la société civile dans les sociétés musulmanes, et M. Azelarabe Lahkim Bennani, Professeur de Philosophie à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, qui a publié divers travaux sur l’éthique et les droits de l’homme.
Doyenne des villes impériales, Fès fut longtemps considérée comme le berceau patrimonial, religieux, culturel et architectural du Maroc.
Ville prospère, elle était le symbole du génie marocain, du commerce et de l’esprit d’entreprise mais aussi de la littérature, de la musique et du savoir.
Aujourd’hui, la ville semble s’éteindre petit à petit malgré les promesses annoncées de la Régionalisation avancée :
Plusieurs explications peuvent être introduites…
- Le développement des stratégies industrielles et d’exportation autour des villes côtières, dont le décollage fulgurant et cannibalisant de Tanger
- Le retard en infrastructures et l’enclavement relatif
- l’exode rural massif et incontrôlé vers Fès
- L’exode continu des fassis vers l’axe Casa-Rabat
Bien entendu puisqu’il s’agissait de débattre d’éthique et de prospérité, les intervenants ont sollicité Max Weber, économiste et sociologue allemand pour interroger le retard de développement des cités musulmanes.
Pour Weber, qui étudie les individus et leurs motivations à agir, le capitalisme serait né fin du 16ème siècle autour d’une certaine éthique protestante fondée sur les piliers suivants : Transcendance de Dieu, consécration du salut par le travail, encouragement d’un style de vie ascétique qui favorise l’accumulation du capital.
Pour lui, les facteurs religieux sont décisifs dans le processus de rationalisation et donc la modernité.
« Si l’Islam n’a pas produit ce type de transformation, cela serait dû principalement au militarisme qui a conduit à la propagation du système patrimonial, et au mysticisme intrus ».
Toujours, selon Weber, « l’émergence du soufisme, avec ses attitudes de renoncement, aurait détourné l’Islam et retardé le développement du capitalisme au sein des sociétés musulmanes ».
Pour Ernest Geller, ce sont plutôt les disparités entre les villes et les tribus qui ont empêché l’accumulation des richesses. Les villes productrices de richesses suscitant les convoitises des tribus, étaient constamment envahies et pillées.
Aucune accumulation de richesses n’était donc possible. Seule était permise une certaine rotation des élites notamment à l’occasion des successions où persistait une stagnation des structures et des organisations.
Selon le professeur Lahkim Bennani, l’éthique ne peut progresser que lorsque les contradictions et les dilemmes sont résolus en fonction de l’intérêt général et du respect des préférences personnelles.
Dans les faits, l’éthique individuelle et l’éthique collective sont complémentaires et s’enrichissent mutuellement…
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