Après Tanger, Settat et Casablanca entre autres, les conférences du cycle de débats « Échanger pour mieux comprendre » organisées par la fondation Attijariwafa Bank avaient pris leurs quartiers jeudi dernier à l’EMI de Rabat autour d’une thématique d’actualité : Les défis de la ville de demain.
Les villes marocaines ont connu comme chacun le sait, une extension horizontale extrêmement rapide mais aussi coûteuse et parfois même mal contrôlée. Cette extension a été alimentée par un exode rural continu.
Très bientôt 70% des marocains vivront dans les villes et les défis à relever sont d’ores et déjà nombreux et complexes :
- Sécurité des biens et des personnes,
- fluidité des transports et mobilité intelligente,
- collecte et gestion des déchets,
- efficacité énergétique et réduction des émissions de gaz à effet de serre
- gestion et traitement de l’eau,
- maintien du lien social, amélioration du cadre de vie et du bien-être,
- traitement et atténuations des nuisances et des pollutions,
- entretien et développement des espaces verts
Durant près de deux heures, la fondation Attijariwafa bank a réuni autour de Saloua Benmehrez et de Mouna Kably des conférenciers et experts de renom qui ont pu partager et croiser leur état des lieux de l’urbanisation récente, les contraintes de la ville du futur mais aussi les expériences innovantes en cours de développement au Maroc.
La composition du plateau était comme à son habitude relevée et appréhendait l’ensemble des problématiques et des enjeux.
1//Monsieur Abdelhoued Mountassir, architecte de renom, témoin des évolutions urbanistiques de ces 30 dernières années au Maroc et président du conseil national de l’ordre des architectes, a livré un constat peu amène sur cette juxtaposition de construit, de lotissements alignés ou juxtaposés les uns à côté des autres ou les uns après les autres et devant produire par eux-mêmes un système global. Les règles d’urbanisme doivent impérativement être assouplies et laisser plus de place à la créativité.
2//Monsieur Mehdi Alioua sociologue émérite et professeur à l’UIR de Rabat a pointé du doigt l’impérieuse nécessité de rénover le lien social et de remettre au centre des préoccupations la gestion de l’humain et non pas seulement du bâti. La ville est avant tout un construit sociodémographique et le produit d’une histoire.
La multiplication des lieux de loisir et de culture, la qualité des espaces publics, de rencontre et de savoir définissent la ville harmonieuse d’aujourd’hui et de demain.
3//Monsieur Badr Ikken, directeur général de l’IRESEN, institut de recherche en énergie solaire et énergie nouvelle, centre de recherche peu connu du grand public associe des chercheurs et universitaires marocains pour l’élaboration et la mise en place de solutions innovantes adaptées au contexte géographique et climatique marocain : Énergie solaire, efficacité énergétique, traitement de l’eau, dessalement de l’eau de mer…autant de défis particulièrement aigus alors que 2/3 du Maroc et nombre de villes marocaines connaissent un stress hydrique et une pénurie d’eau qui s’accentuera dans les prochaines décennies .
4//Deux expériences de villes nouvelles ont été présentées, pensées d’abord à partir de l’analyse des attentes et des besoins des populations mais aussi de leur situation géographique et de leur positionnement.
Tout d’abord, l’ECO-CITE de Zenata, présentée par Mr Mohamed Amine El Haj Houj, DG de la société d’aménagement de Zenata et développée sur plus de 1600 hectares, tranche définitivement avec la ville traditionnelle marocaine.
Destinée à accueillir 300 000 habitants à terme, elle propose une alternative intéressante à la ville classique clairement dépassée et conçue autour d’un centre et d’une périphérie.
L’ECO-CITE DE Zenata c’est de multiples éco quartiers autonomes et à taille humaine, organisés autour d’une coulée verte et incorporant services de proximité, commerces, une plus grande liberté urbanistique, intégrant une plus grande verticalité mais aussi les principes de développement durable et d’efficacité énergétique.
C’est au total près de 470 hectares d’espaces verts et un concept de mobilité interne bien pensé et dimensionné autour de gares multimodales, de RER, de lignes de tramway.
Autre expérience intéressante dans le contexte climatique et géographique marocain de semi-aridité, la ville verte Mohammed VI de Benguérir étendue sur plus de 1000 hectares et présentée par Ahmed El Akel, responsable du pôle immobilier de ladite ville.
Ville nouvelle respectueuse de son environnement et dédiée au savoir, son université est déjà construite. Elle accueillera à terme plus de 100 000 habitants et bénéficie de toute l’expertise de l’OCP, qui en pilote le développement.
Elle est conçue comme un laboratoire et son partenariat avec l’IRESEN sur les enjeux du photovoltaïque, des énergies nouvelles, des matériaux bioclimatiques, de la gestion et du traitement de l’eau est unique au Maroc et en Afrique.
À l’aube de la COP 22 et alors que le Maroc fait face à des défis climatiques aigus, ces deux expériences innovantes peuvent de toute évidence permettre d’aider en partie à la mise à niveau des villes marocaines sur les plans de la durabilité et de l’écologie…mais les problématiques restent malgré tout nombreuses et insolubles ne seraient-ce que celles de l’emploi et de la prise en charge de la jeunesse.
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