Les invités
• Nabil Boutaleb, sémioticien
• Fikria Berrada, vice-présidente de l’association Oum Keltoum
• Mekki Zouaoui, initiateur du Collectif 1% culture
• Adil Hadjami, professeur universitaire
• Murtada Calamy, chroniqueur aux Matins Luxe
Édito
Les inégalités sociales sont criantes et n’ont plus besoin d’être démontrées. Elles sont partout, entre hommes et femmes, entre riches et pauvres, entre la ville et la campagne, dans l’accès à l’école, dans l’accès à la santé, dans l’accès à l’emploi et dans le simple droit au respect et à la dignité ; les inégalités sont, vraiment, partout.
Rétablir la justice sociale, longtemps présenté comme un objectif, une nécessité, même une priorité, tend à devenir un rêve, un idéal inatteignable, même une utopie. Les écarts progressent et se creusent davantage. En haut de la pyramide sociale, les plus riches s’enrichissent, et beaucoup plus bas dans la pyramide, les plus pauvres s’appauvrissent.
Dans une société qui continue à donner une grande importance au statut social et aux titres scolaires, en même temps que le statut social continue de définir la qualité de l’éducation à laquelle les individus peuvent espérer avoir accès, les inégalités ont tendance à se transmettre de père en fils, sauf quelques exceptions qui réussissent à mettre en marche l’ascenseur social, comme pour se défaire d’une malédiction héritée à la naissance et prenant des allures de fatalité.
Pire que les inégalités sociales, les conséquences des inégalités sociales sur les individus qui en sont victimes. De l’incompréhension à la frustration et de la frustration au désespoir, s’il n’y a qu’un pas, celui-ci, s’il est franchi, peut conduire au pire. Les inégalités sociales sont une bombe à retardement qu’il convient de désamorcer ; la justice sociale DOIT être un objectif atteignable. Et sur le chemin de la justice sociale, aucune piste ne devrait être écartée, nous en étudions une cet après-midi avec nos invités, celle de la culture.
Donner accès à la culture aux plus jeunes, dans les quartiers, les écoles primaires, les collèges et les lycées. Une culture loin de tout élitisme, une culture de proximité, au plus près des gens, comme outil d’éducation. Car la culture est une véritable courroie de transmission et de diffusion des valeurs sociales de justice et d’égalité. Comme le nom de famille et le niveau de richesse, le niveau culturel est aussi un capital dont on hérite et qui peut faire la différence.
C’est toute la théorie de Bourdieu qui veut que les inégalités sociales ne tiennent pas tant aux différences de richesse qu’aux différences de culture. L’accès au théâtre, à la musique, à la peinture et autres formes d’expression artistique et détenir les clés pour les comprendre et les interpréter.
Mais au Maroc, c’est un fait. Le Maroc et son école manquent cruellement de culture. Même dans les politiques publiques, la culture est reléguée au dernier plan. Le budget alloué à la culture est parmi les plus bas et l’absence d’une éducation culturelle est telle que beaucoup de marocains en arrivent à voir en certains investissements culturels un empêchement au développement social et économique du Maroc.
Comment s’aider de la culture pour effacer les inégalités sociales ? C’est le débat que nous ouvrons avec nos invités cet après-midi dans Avec Ou Sans Parure.
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