Les invités
• Michel Boyer, analyste des crises
• Rachid Benlabbah, enseignant chercheur à l’Institut des Etudes Africaines
• Nabil Adel, directeur de l’Institut de recherche en géopolitique et géo économie de l’ESCA
• Rachid Achachi, chercheur en économie et en anthropologie – chroniqueur aux Matins Luxe
Édito
Le 16 Avril dernier, les turcs étaient consultés à l’occasion d’un référendum constitutionnel autour du passage de la Turquie d’un régime parlementaire vers un régime présidentiel. En substance, il s’agit aussi de supprimer le poste de Premier ministre les pouvoirs duquel sont transférés au président qui devient aussi le chef du gouvernement. Il s’agit aussi de réformer la justice de façon à ce que le président- chef de gouvernement puisse intervenir dans la nomination des membres du Haut Conseil des Juges et des Procureurs.
Le « oui » l’a emporté à 51.4%. Une très courte victoire, mais une victoire quand même pour le « oui » lors de ce référendum auquel auraient participé, d’après les chiffres officiels, plus de 86% des électeurs. Recep Tayyip Erdogan a qualifié le moment d’« historique ». Pour lui, c’est évidemment une revanche après la tentative de putsch avortée de juillet 2016 ; il s’en est évidemment félicité, et a, dans la foulée, reçu les félicitations des présidents américain et russe.
Mais Erdogan n’a pas reçu que des félicitations. Les résultats du référendum ont en effet été fortement contestés. D’abord par l’opposition qui a dénoncé un scrutin frauduleux et des manipulations des résultats notamment par la décision de prise en compte d’urnes non-scellées lors du comptage des votes. Mais la justice turque a jugé irrecevable le recours de l’opposition.
Les réactions à l’international ne se sont pas non plus faites attendre. En Europe notamment où l’on s’inquiète et l’on dénonce une campagne s’étant déroulée dans des conditions inéquitables et une procédure de comptage des votes tardivement modifiée. Bref, en Europe la victoire d’Erdogan n’est pas chaleureusement accueillie ; elle est considérée comme une atteinte grave à la démocratie.
Mais comment, objectivement, les résultats du référendum turc peuvent-ils être interprétés ? L’Opposition, en contestant le résultat du scrutin, n’est-elle pas au final, dans son rôle naturel d’opposition au pouvoir ? La contestation est-ce, en soi, une confirmation d’un résultat manipulé ? Nous en débattrons. Pourquoi parait-il difficile, notamment à la vue des réactions européennes, de reconnaître la victoire du « oui » comme une décision souveraine d’un peuple qui a été consulté et qui s’est tout simplement exprimé en faisant majoritairement le choix du « oui » ?
À quoi revient, concrètement, la notion de « super présidence » utilisée désormais pour qualifier les pouvoirs d’Erdogan ? Turquie- États-Unis, Turquie-Russie, Turquie-Europe et Turquie-Afrique, qu’est-ce qui changera, ou pas, après le « oui » du 16 Avril ? C’est le débat que nous ouvrons avec nos invités cet après-midi dans Avec Ou Sans Parure.
Poster un Commentaire