En une petite semaine, le visage du Brésil va peut-être changer totalement. Eh oui, lundi, une commission spéciale s’est prononcée pour la destitution de la présidente Dilma Rousseff . Et dès dimanche, l’assemblée va statuer : si les deux tiers des 513 députés, soit 342 votes se prononcent contre la présidente. Ce serait alors au Sénat de former une commission avant le 2 mai prochain. Dès lors, la descente aux enfers serait presque impossible à arrêter, car il suffirait d’une majorité simple pour écarter Dilma Rousseff du pouvoir pendant un délai maximum de 180 jours, en attendant un vote définitif, devant lui, recueillir les deux tiers des suffrages des sénateurs. Un scénario catastrophe pas si peu probable, alors que la protégée de l’ex président Lula est de plus en plus isolée. Ouvertement trahie par son vice-président Michel Temer qui se voit fort bien assurer l’intérim jusqu’en 2018, d’autres alliés historiques lui tournent le dos les uns après les autres.
Ainsi, mardi, le Parti progressiste vient de quitter la coalition gouvernementale, emportant avec lui ses 47 députés dans le camp de l’opposition. Fin mars, le Parti du mouvement démocratique brésilien avait amorcé le mouvement des rats quittant le navire. Et à l’heure qu’il est, chaque voix compte, aussi, Lula s’est remobilisé pour défendre Dilma Rousseff, enchaînant rencontres sur rendez-vous, assurant ici une promesse, là une menace sur fond de manifestations populaires.
C’est que l’ex président Lula est un personnage qui n’a rien perdu de son aura et il réussit, malgré la popularité pour le moins déclinante de Dilma Rousseff, à mobiliser. Et tout cela ne se produit pas dans le calme et la tranquillité. Les manifestations pro ou anti Roussef se succèdent un peu partout et l’on s’attend que dimanche, près de 300 000 personnes se trouveront devant le Parlement en attendant le résultat. Il faudra alors, et c’est une question qui rend nerveux les sécuritaires, prévoir les débordements entre camps opposés. Bref, l’état d’esprit au Brésil n’est pas des plus apaisés.
Alors pourquoi toute cette affaire, d’où ça vient, cette tentative de destitution et pourquoi est-elle si clivante dans la société brésilienne ? Vous vous souvenez de l’affaire Petrobras ? Eh bien ça n’a rien à voir. Contrairement à ce que tout le monde semble penser, Dilma Rousseff ne fait l’objet d’aucune accusation de corruption. Non, on lui reproche d’avoir retardé les transferts du Trésor national aux entreprises publiques chargées de financer notamment les programmes sociaux. Problème ? « ce n’est pas un crime », pointe Juliana Neueschwander Magalhães, professeur de droit à l’Université fédérale de Rio de Janeiro. Pour elle, l’opposition et je cite « utilise la Constitution contre l’esprit de la Constitution ». Bref, il s’agirait rien moins que d’un « coup d’État institutionnel ». Choquant ? Oui, d’autant que l’ensemble de la presse tape à bras raccourcis sur la présidente, y compris dans le cadre d’une affaire Petrobras qu’on ne parvient pas à lui faire coller, pourtant, ne couvrant pas du tout le cas des membres de l’opposition effectivement poursuivis.
Mais comment expliquer cela? Personnellement, je n’ai pas d’explications claires… Mais j’ai quelques soupçons.
Ce qui est certain c’est que cette procédure de destitution ne sera pas un long fleuve tranquille… Et à qui profite les choses ? Étrangement, pas vraiment à la droite décomplexée qui se ligue contre la présidente, car, en dehors de leur dégoût de Dilma Rousseff, elle n’est d’accord sur rien. Bref, tout cela ne promet que le chaos pour un pays qui avait pourtant, il n’y a pas si longtemps, un modèle exemplaire dans cette Amérique du sud qui n’acceptait plus d’être simplement le jardin arrière de l’oncle Sam.
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