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Drame de Minane : Quelle communication de crise?


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Invités : Abdelatif Lamrani, Avocat et président de l’association Droits et Citoyenneté, Jean Zaganiaris, Sociologue enseignant chercheur à l’Ecole de Gouvernance et d’Economie de Rabat, Omar Sabri, Secrétaire général de la Fédération Nationale des Agences de voyage du Maroc et Abdelkhaleq Zyne, Consultant en stratégie digitale des entreprises

Depuis jeudi dernier, nous recevons des informations au compte-gouttes concernant les pèlerins marocains pris dans la bousculade meurtrière survenue jeudi dernier à Minane. 769 morts et plus de 800 blessés de nationalités diverses. Les versions se suivent et se contredisent sur les origines du drame et les autorités saoudiennes promettent une enquête rapide et transparente, ceci alors que certains médias relayent une toute autre version soutenue par des pèlerins présents au moment du drame. Une version qui, si elle se confirmait, ferait de cet accident, un événement doublement douloureux, car il reviendrait à affirmer que les vies humaines n’ont pas toutes la même valeur. Selon cette version, un des passages menant aux tentes des pèlerins avait été fermé pour permettre au convoi d’un membre de la famille royale saoudienne de passer avec les 200 soldats et 150 policiers qui l’escortaient ; ce qui aurait provoqué la bousculade, les autres passages ayant eu à contenir beaucoup plus de pèlerins que prévu.

Mais aujourd’hui, malgré le fait qu’on n’arrive pas encore à identifier définitivement les origines du drame, c’est un tout autre dysfonctionnement qui nous laisse perplexe, à savoir les proches des pèlerins marocains qui ne savent toujours pas s’il faut les pleurer ou juste garder espoir de les retrouver un jour.

C’est vendredi dernier qu’un communiqué de l’ambassade du Maroc à Ryad venait reconnaître la disparition de Marocains et affirmant je cite que «L’opération de recherche des disparus se déroule sous la supervision de Mohamed Boussaid, président de la délégation marocaine. Le même communiqué expliquait alors qu’il avait été établi que seuls les portés disparus prouvés par un certificat de décès seront pris en compte et que je cite toujours, ne seront déclarés morts que les cas qui seront constatés de visu ou ayant un certificat de décès délivré par les autorités saoudiennes compétentes ».

Jusqu’à ce matin, le décès de 6 pèlerins marocains a été confirmé de source officielle mais des informations moins officielles font état de près de 80 décès parmi les pèlerins marocains.

Pour un drame, ça en est un. C’est une véritable tragédie humaine mais aussi en matière de communication. Du coup, sur les réseaux sociaux, c’est l’effervescence et Facebook devient la première source d’informations pour les familles des disparus alors que les autorités saoudiennes sont la principale source d’informations pour les autorités marocaines.

Ce matin, le ministère des Affaires Étrangères a publié une liste des noms des marocains portés disparus. On y trouve 34 personnes, hommes et femmes. Le Ministère des Affaires Étrangères nous apprend aussi par ailleurs que, je cite-
« Conformément aux très hautes instructions royales, les autorités marocaines sont entrées lundi en contact avec les hautes autorités saoudiennes afin de faciliter l’identification, rapide, des pèlerins marocains encore portés disparus », promettant je cite encore, que « Les familles seront tenues immédiatement informées des résultats de ces démarches ».

34 marocains portés disparus, donc. Peut-être sont-ils morts, peut-être sont-ils blessés ou sains et saufs, nul ne le sait, ni même les autorités compétentes. L’attente se fait longue pour nous, observateurs, et nous n’osons même pas imaginer la douleur des familles des pèlerins dont nous n’avons toujours pas de nouvelles. À qui la faute?


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