Les invités : Abdelillah Zidani, Président du Conseil national du syndicat national de l’enseignement, Nassreddine Elhafi, Ancien directeur de l’Académie Régionale de l’Éducation et de la Formation de Casablanca et Secrétaire Général de l’Association Al Jisr, Touhami Benjeddi, Membre du Bureau National de l’Association Marocaine des Enseignants de Français et ancien inspecteur pédagogique de l’enseignement secondaire et Reda Mhasni, Psychologue clinicien et professeur universitaire
Le français ou l’arabe, l’arabe ou la darija, la langue, le dialecte. Jamais les langues et leur utilisation dans l’enseignement, dans les médias et même dans les échanges au quotidien n’auront autant animé les débats. Mais sommes-nous dans un débat de fond ou dans un débat sur des détails et des appréhensions sans fondements ?
Il est par ailleurs des épisodes qui laissent à croire que, plus qu’un débat, la question des langues est un combat, jusqu’au sein du gouvernement. En témoigne le dernier bras de fer entre le Chef de gouvernement et son ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle. Alors que Rachid Belmokhtar avait décidé que certaines matières scientifiques soient enseignées en français dans des filières spécialisées, Abdelilah Benkirane lui a demandé officiellement de retirer sa circulaire, « La francisation de ces matières ne sera pas faite et c’est moi qui ai été nommé chef du gouvernement, pas Rachid Belmokhtar », fin de citation. Le ton est donné. Mais le débat sur les langues n’est pas seulement une affaire politique, loin de là. Le débat sur les langues est un débat social et culturel. Si dans certains pays, parler la langue officielle est une condition sine qua non ne serait-ce que pour l’obtention d’un visa, au Maroc nous n’en sommes pas là. Mais la langue arabe est, au Maroc, pour beaucoup, partie intégrante de notre identité. Des partisans de la langue arabe avaient même demandé il y a quelques mois l’intervention du Roi pour mettre un terme je cite « aux putschs qui menacent l’identité des Marocains » et la « stabilité de l’Etat ». Rien que cela. La langue est aussi un débat, pour ne pas dire un combat, social et sociétal. C’est le combat entre les arabophones et les francophones. Les premiers reprochant aux deuxièmes de renier leur langue maternelle et les seconds reprochant aux premiers leur manque d’ouverture.
L’âme d’un peuple vit dans sa langue disait Goethe. Et pour Stendhal, le premier instrument du génie d’un peuple, c’est sa langue. La langue, n’est-elle qu’un moyen d’expression ou est-elle bien plus que cela, une vision du monde ? À chaque politique sa langue ou à chaque langue sa politique ? C’est notre débat cet après-midi sur Luxe Radio.
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