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Élections

Élections, J+30… et maintenant?


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Un mois, jour pour jour, s’est écoulé depuis l’annonce des résultats des élections législatives, et toujours rien à l’horizon… Pas de majorité qui se dessine, et encore moins une ébauche de gouvernement qui se profile, sachant que pour la seule affectation des départements ministériels, et les noms qui y seront désignés, il faut au moins une quinzaine de jours. Que se passe-t-il alors ?

Il se passe que le Maroc paie le prix d’une classe politique faite de bric et de broc, où les lignes de démarcation sont opaques entre les différentes familles politiques, et au sein même des familles, les clivages et dissensions idéologiques sont légion. Alors, récapitulons.

Le roi Mohammed VI a chargé le Chef du parti arrivé premier, en l’occurrence Abdelilah Benkirane, de former son gouvernement, puis il s’en fut en Afrique pour ces tournées marathon et si riches en résultats dont il a le secret. Quelques jours après, Benkirane s’est attelé à constituer une majorité, prélude au gouvernement qui dirigera le pays ces cinq prochaines années.

Au commencement, tout allait bien… Le PPS a dit oui, l’Istiqlal, aussi, rejoint par l’USFP, puis par le MP. Avec ces cinq partis, la majorité était en principe formée… Mais en principe seulement car l’USFP a vite fait de se rétracter, suivie par le MP. Et les choses ont définitivement calé avec l’arrivée du nouvel homme fort de la scène politique, Aziz Akhannouch, propulsé à la tête du RNI qui avait dans l’intervalle, noué une alliance de fait, et de droit aussi, avec l’UC.

Puis quinze jours de silence, avant que les attaques ne surviennent, l’Istiqlal attaquant violemment le nouveau patron du RNI, puis Benkirane à son tour déclarant urbi et orbi qu’il n’accepterait pas de chantage, là où il y avait simplement du marchandage. Le RNI d’Akhannouch voulait-il prendre la place de l’Istiqlal au sein de la Majorité? Et alors, cela s’appelle de la négociation. Mais Benkirane triomphant et triomphaliste, ne l’entend pas de cette oreille.

Il a même affirmé, en fin de semaine dernière, que s’il n’arrivait pas à former sa majorité, il s’en irait admettre son échec au roi, puis il retournerait en sa chaumière.

Et alors, le roi Mohammed VI, arbitre suprême, garant du respect de la Constitution, et du bon fonctionnement des institutions, est intervenu, depuis Dakar. Qu’a-t-il dit? De fortes remontrances, montrant une sorte d’agacement face aux tergiversations de la classe politique et aux tractations de café de commerce de gens supposés gouverner le pays à ses côtés.

Il a parlé de « gouvernement sérieux et responsable », de la nécessité de bannir la seule arithmétique comme posture politique, de la gravité de verser dans la logique d’un « partage de butin », de l’importance du choix de « compétences qualifiées, avec des attributions départementales bien définies » pour les fonctions ministérielles et surtout, avant tout et au-dessus de tout, le Chef de l’Etat a défini le gouvernement comme étant «  une structuration efficace et harmonieuse », qui doit suivre une méthodologie rigoureuse pour sa formation. Et que signifie tout cela ?

Qu’il y a une nette volonté de clarifier les choses, au plus haut niveau de l’Etat. Le grand changement, en effet, que n’ont pas compris les personnels politiques, en général, et les chefs de partis, en particulier, est que nous n’en sommes plus maintenant au changement constitutionnel. Une pleine législature est passée entre temps, et son Chef du gouvernement sortant a été reconduit. Il nous faut aujourd’hui innover, pour aller plus haut, plus vite, plus loin…

Aujourd’hui, rappelle le Chef de l’État, il s’agit de former un « gouvernement de combat », sérieux et responsable, avec des ministres compétents, qualifiés, ouverts sur leur monde et sur leur pays, audacieux, et pas seulement fils, neveu ou cousin de… et tout cela dans le cadre d’une majorité homogène, efficace et harmonieuse.

Si le RNI, et donc l’UC, entrent dans ce gouvernement où ils retrouveront l’Istiqlal qui a toujours indiqué les formations d’Akhannouch et de Sajid de partis de l’administration, nous ne serons absolument pas dans l’harmonie. L’Exécutif sera peut-être efficace, mais pas harmonieux. Or, Mohammed VI pèse ses mots et parle avec précision. Il veut de l’harmonie et son discours a été celui de la méthode.

Répondre intelligemment à l’injonction en forme de rappel à l’ordre du Roi serait de former une équipe qui respecte aussi bien la logique politique que l’intelligence des Marocains. Puisque l’Istiqlal a donné son accord, avec le PPS, pour entrer au gouvernement, que l’USFP s’adjoigne à eux, et que le RNI, l’UC, le MP aillent rejoindre le PAM dans l’opposition, pour se faire une cure de jouvence et de conscience de leur rôle politique. Il n’existe rien de mieux pour se développer et prospérer que l’adversité.

Mais, coup de théâtre, ce lundi 7 novembre, au lendemain du discours royal de recadrage, à l’USFP, on parle de « faciliter la tâche du Chef du gouvernement », pendant qu’au PAM, l’un des dirigeants les plus en vue tire à boulets rouges sur Ilyas El Omari, lui reprochant les erreurs de la campagne électorale et appelant à la démission collégiale du Bureau politique de cette formation.

Si la raison reprend ses droits au sein de notre classe politique, nous devrions avoir un gouvernement PJD/Koutla, pendant que le RNI irait à l’opposition, Akhannouch aurait le temps d’acquérir la stature d’un Chef de parti, d’un vrai, et le RNI pourrait même envisager de phagocyter les autres partis pour fonder un grand pôle moderniste.

Le rêve est permis, et il ne reste plus qu’à espérer que sa réalisation ne durera pas ce qu’a duré celui de Martin Luther King.


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