« Cogito ergo sum », « Je pense, donc j’existe », représente la phrase inaugurale de la modernité, et le baptême philosophique du sujet moderne, autoréférentiel et auto-suffisant, d’un sujet ontologiquement autiste et orphelin, orphelin du monde, orphelin de lui-même. Ce sujet dé-cosmisé, a dans une perspective dualiste, rejeté hors de lui des mondes, dont il était dans une cosmicité traditionnelle, le liant, et le co-créateur, voir le pro-créateur. Cette acosmie qui nous définie aujourd’hui, décrit la rupture qui s’est opérée dans le cadre de la modernité entre la « nature » et la « culture », entre le « sujet » et l’ « objet », qui fait que le sujet devient « accidentel », « contingent », « arbitraire ». Le monde devient « objet », existant en soi.
Mais la définition du « sujet » pré-moderne, loge toujours, de manière latente, dans le verbe même d’exister. Puisque qu’en latin, il se décompose en deux mots :
- Ex : Qui signifie « en dehors ». D’où les verbes exhumer, exfiltrer, ou encore ex tout court pour désigner quelqu’un qui est sorti de notre vie.
- Et « Sistere » : qui signifie se tenir, être stable.
Donc « exister », signifie littéralement « se tenir hors de soi vers le monde ». C’est une ouverture, un déploiement dans le réel. Tandis que « exister » d’un point de vue moderne, signifierait : « Se tenir en soi, et hors du monde ».
L’homme qui procède du latin « Humus », et qui signifie la terre ou la glaise et qui est par ailleurs est également la signification du mot hébreu « Adama », établi la jonction entre le ciel et la terre, qui dans une verticalité transcendantale, a les pieds fixés vers le bas par l’apesanteur terrestre, et la tête tournée vers le ciel, vers le monde des idées et des archétypes.
Ce plan ontologique de notre « corps », permet sur un plan symbolique à l’esprit, « al rouh », de descendre du ciel, pour s’incarner sur terre, donnant lieu à une « théophanie » permanente, coïncidant avec une « cosmophanie » qui nous est désormais voilée. L’Homme est le lien. Et la réalité humaine, une « trajection », ou un « trajet anthropologique », en d’autres termes, un va-et-vient permanent entre son milieu terrestre, et une constellation d’archétypes, c’est-à-dire de réalités idéales et supérieures.
L’Homme, par la magie de l’imaginaire et par la médiation de l’âme, est donc ce qui relie le monde des « archétypes » à celui du « manifesté », le « noumen » au « phénomène », l’ « incréé » au « créé », le « Malakut » au « Alam al Mulk ». Dans cette cosmicité traditionnelle, l’Homme est un sujet transcendantal, l’occasion d’une unité fondamentale de l’Etre, d’une harmonie, où le symbole, le mythe, traduit dans le monde imaginal, la trame du monde idéal des archétypes.
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