Il est question ici d’un objet. D’un objet qui se porte. D’un objet qui se voudrait un vêtement. Un habit féminin. Mais qui, à proprement parler, n’en est pas un. Certes, cela ressemble à une robe, mais de tout cacher du corps de celle qui s’en vêtit, ou voudrait s’en vêtir, cet objet n’a pas, en vérité le droit de s’appeler vêtement. C’est même le contraire.
Oui, c’est du Niqab, qu’il s’agit ici. Du Niqab, et de l’interdiction de le produire, et à terme, pour les femmes de ce pays, de le porter… Et cette interdiction, il faut, ici, s’en féliciter… Et s’il faut s’en réjouir, ce n’est pas seulement pour les raisons que fournit notre tragique, mondiale, et nationale actualité : celle du terrorisme bien sûr. Celle de ces femmes, dont on sait que leur Niqab n’est au fond qu’une sorte de cache d’arme, le véhicule de la mort. Souvent même, de la leur.
Laissons, ici, de côté, les questions de sécurité ou d’Etat civil… Car il est vrai que toute citoyenne, en tout pays, doit pouvoir être reconnue. Ce qui fait dire qu’ici, la question du voile ne se pose pas, – ou du moins, qu’elle ne se pose plus, car elle permet qu’une jeune fille, qu’une femme quel que soit son âge, puisse être reconnue. Car le voile, au fond, ne masque pas le visage.
Et c’est ici, sur la question du Niqab, du visage et du visage seul, qu’il faut parler. Et démontrer, en vérité, que cette interdiction de produire, en ce pays, de produire et de porter cette chose étrange, qu’est le Niqab, oui, de démontrer que cette interdiction, sur la question du visage, est salutaire !
Car ce qui fonde probablement, l’essence de l’Homme, et de fait, d’une société, et en vérité, de notre humanité : c’est l’existence du visage de l’Autre. Qu’est-ce qu’un visage, sinon une signature et un destin. C’est ce qui me fait différent de toi, mon frère, ma sœur, mon enfant, mon ami, mon ennemi. Il est ce qui fait qu’on me reconnaît, de loin, de près… Comme une sorte de jumeau, à peu de chose près.
Et si je ressemble à mon père ou ma mère, c’est d’abord à mon visage de le dire, chaque jour, à ma façon de sourire, de faire la gueule, et là, on se dit à soi, d’abord, que ce visage, là, dans le miroir, nous dit quelque chose.
Un visage qui parle, qui rit, qui pleure, qui brille, qui vieillit, c’est d’abord un visage que l’on voit. Voir un visage, le voir là, devant nous, se dire, avec ses mots à lui. Expressions, colère, joie, peur, qui soit le feront pâlir, s’empourprer, ou rayonner. C’est de cela que l’on prive les femmes, de ce langage, de cette parole que dit leur visage. Cette parole, ces signes dont la pudeur, elle-même, a besoin.
Car au fond, que signifie réellement la pudeur ? Et bien la pudeur est d’abord, affaire d’économie, de dosage, de rythme… La pudeur, la vraie, suppose que l’on voit un peu, que l’on devine, elle invite à l’imagination… Ce sont les joues de la jeune fille qui rougissent, c’est le L’tem qui, en son temps, ne masquait pas !
Oui, la pudeur est ce dialogue, subtil, entre ce que l’on voudrait voir et ce qu’il faudra attendre, pour le découvrir. De sorte qu’il faut, pour rester pudique, et c’est là la beauté du paradoxe, une femme en montre assez… Car la pudeur, en vérité, est l’architecte du Désir. Son guide. C’est bien la pudeur qui dicte les règles, invite à la patience, dose, et choisit le moment du dévoilement.
De sorte que le Niqab, parce qu’il masque, et cache tout, détruit, de fait, la géniale économie que seule la pudeur maîtrise. Autrement dit, le Niqab ne permet pas à une femme d’être pudique ! On comprend alors pourquoi tant de jeunes femmes ont, sur ce qu’il convient de nommer problématique narcissique, oui, on comprend mieux pourquoi tant de jeunes qui portent le Niqab ont recours aux services de thérapeutes. Car le Niqab, en vérité, est une perversion ; un mensonge moral, une loi détournée qui s’attaque à la fonction narcissique de nos jeunes filles et jeunes femmes !
Alors : interdire la fabrication et à terme, le port de cet objet mortifère, de cet objet qui rend fou, c’est protéger le visage de ces mêmes filles, de ces mêmes femmes, leur visage, sacré, singulier, vivant : dont la pudeur, qui relève tant du langage que du désir, a besoin.
Alors, au nom de quoi fallait-il interdire le Niqab ? Tout simplement au nom de la Vie.
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