Les invités : Pr Jallal Toufik, Directeur de l’Observatoire Marocain des Drogues et des Addictions, Mehdi Bensaid, Président de la Commission des Affaires Etrangères, des Affaires Islamiques et des MRE au parlement, Abderrahim Derraji, Pharmacien, Abdennebi Aboularab, Premier vice-président de l’arrondissement de Roches Noires pour le PJD et Aziz Boucetta, Chroniqueur Luxe Radio chargé des questions politiques
Le débat autour de la légalisation du cannabis au Maroc n’en finit pas. Et depuis toutes ces années où les positions des uns et des autres ne changent pas sur le sujet, il y a de quoi croire que cela n’est pas près de dépasser le stade du débat. La culture du cannabis au Maroc n’est, dans les faits, ni complétement interdite ni complètement tolérée. Elle est au vu et au su de tous, la première source de revenu des populations du Rif et le Maroc est, par ailleurs, réputé de par le monde pour être le plus gros producteur de cannabis au monde. L’OICS, Organe International de Contrôle des Stupéfiants affirme que 42% du cannabis mondial est produit au Maroc et sans que le chiffre ne soit officiel, 800.000 familles marocaines vivraient directement ou indirectement de la culture du cannabis ; une culture qui s’étendrait sur un peu plus de 47.000 hectares.
Dans le débat sur la légalisation de la culture du cannabis, il y a ceux qui sont pour, ceux qui sont contre et ceux qui sont pour mais seulement pour des fins médicales et thérapeutiques, et les autres qui sont pour mais seulement dans quelques régions. Et ceux qui croiraient que le débat est d’ordre économique et /ou médical, n’ont qu’à se détromper, car force est de croire qu’à l’approche des législatives, le débat sur la légalisation ou pas du cannabis est clairement politique.
D’ailleurs, le PAM et l’Istiqlal ont déposé des projets de loi qui demandent en résumé à ce que la culture du cannabis soit légalisée mais seulement à des fins thérapeutiques et industrielles. Les textes vont même jusqu’à demander, je cite, l’amnistie pour 48 000 cultivateurs qui vivent en semi-clandestinité dans le nord du pays.
Dans le débat sur la légalisation de la culture du cannabis, le camp des « pour » estime que le vrai débat doit porter, non pas sur la culture du cannabis mais sur le trafic de drogue. Nous nous demandons ici si cela ne revient-il pas finalement au même puisque sans cannabis il n’y aurait pas de trafic de cannabis… Ils estiment aussi que la culture du cannabis devrait être donc limitée au besoin médical. Nous nous demandons ici qui pourrait empêcher les dépassements et comment.
Le camp des « contre » estime, par contre, que l’enjeu est, dirons-nous, un enjeu d’image et de valeurs. Premier producteur mondial de cannabis n’étant pas franchement un heureux classement.
Mais qu’en est-il en réalité? Pourquoi les « pour » sont-ils vraiment « pour » et pourquoi les « contre » sont-ils vraiment « contre » ? Que le débat resurgisse à l’approche des législatives ne confirme-t-il pas au final que les défenseurs ou les détracteurs de la culture du cannabis sont loin de se préoccuper réellement de la situation de précarité dans laquelle plongeraient les cultivateurs de cannabis ou même de la connotation quelque peu péjorative du Maroc 1er producteur mondial de cannabis ? Par ailleurs que gagnerait le Maroc à légaliser la culture du cannabis et que perdrait-il à ne pas le faire ? C’’est notre débat cet après-midi avec nos invités dans Avec Ou Sans Parure.
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