Fin septembre, la France a gagné l’équivalent de sa surface totale en plus en zone maritime. Pourtant, elle n’a pas de nouveau colonisé de pays africains, asiatiques ou autres.
Alors, comment a-t-elle fait ? Elle a profité de la convention dite de Montego Bay, datant de 1982 qui permet aux pays côtiers d’étendre leur souveraineté au-delà des 200 milles marins de leur Zone Economique Exclusive jusqu’à une limite maximale de 350 milles, à condition que le pays démontre que son territoire terrestre, aussi appelé plateau continental, se prolonge sur le fond des océans.
Alors d’abord, vu que la convention ayant permis à la France de réaliser cet impressionnant tour de passe-passe qui fait de ce pays plutôt petit à l’échelle du monde rien moins que la seconde puissance maritime, juste derrière les États-Unis, vu que cette convention donc, date de 1982, comment ça se fait qu’elle n’ait réclamé ses droits que récemment ? Eh bien c’est que réaliser les explorations des fonds marins nécessaires à étayer les dossiers est compliqué, long et fort coûteux. Ce qui n’empêche absolument pas la France de poursuivre dans cette voie puisque, après avoir bénéficié d’un agrandissement de ses zones maritimes grâce à la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, les îles Kerguelen et la Nouvelle-Calédonie, elle a déposé des dossiers pour La Réunion, Wallis et Futuna et Saint Pierre-et-Miquelon, sachant qu’elle constitue en ce moment même un dossier pour la Polynésie française. Ce qui, si tous ses dossiers passent, placerait la France en première place, avec pas moins de 12 millions de km² de zone économique exclusive.
Oui, un happy day et un beau pari sur l’avenir, aussi. Parce qu’à quoi correspond cette ZEE, cette zone économique exclusive ? Pas à la colonne d’eau, donc ce n’est pas pour les ressources halieutiques. Par contre, elle donne droits aux sols et sous-sols, donc potentiellement aux ressources pétrolifères qui pourraient, pourquoi pas ? S’y trouver.
Si la France augmente tranquilou bilou son territoire sous-marin, avec ma foi fort peu de contestations pour le moment, dans d’autres coins du monde, cette question de potentiel sous-marin provoque des guerres. Ainsi, ce n’est pas demain la veille que la Grande-Bretagne laissera tomber les Malouines, un pauv’ caillou dont on ne peut pas dire que ce soit les habitants, trois moutons et deux militaires qui font le sel de cette terre et ce d’autant que, disons-le tout net, ils sont là en expatriés, oui, même les moutons. Et pourtant, les années 80 se souviennent bien de la guerre des Malouines…
Et oui, même si les artistes pop de l’époque, comme à dire vrai l’ensemble de la jeunesse britannique n’a pas bien compris pourquoi, l’état, lui, savait bien ce qu’il faisait. Et le cas n’est pas isolé. Tous les conflits et les revendications de cailloux en Mer de Chine sont liés à cette question des droits maritimes.
Close enough, oui, je parlais des îles Senkaku, entre autres, qui font litige entre la Chine et le Japon. Mais des îles réclamées par tel ou tel pays, la Chine, le Japon, la Corée, le Vietnam, les Philippines, etc. Il y en a plein, car le sous-sol est bourré, on le sait, d’hydrocarbures. Mais la Chine va encore plus loin : à l’exemple de la France, et prenant prétexte de la Convention de Montego Bay, elle réclame les droits sur l’ensemble de la Mer de Chine, du fait de son plateau continental.
Et alors là, on se retrouve avec un imbroglio terrible, parce que dans cette région, nombre de pays ne sont que archipélagiques, or les droits maritimes archipélagiques ne sont pas les mêmes que les droits continentaux et les deux se télescopent. Tout cela peut tout à fait dégénérer rapidement en guerre et de très nombreux spécialistes soulignent à juste titre la prolifération d’armes purement offensives dans la région.
Mais bon, vous me direz, la Mer de Chine, on en parle souvent. Alors partons dans une autre région du monde : la Méditerranée orientale. On vient d’y découvrir du gaz, figurez-vous. Et voilà que tout d’un coup, une vieille question de frontière jamais résolue entre le Liban et Israël, reprend de l’importance. Oh, même pas sur une zone économique exclusive étendue, hein. Non, juste sur les 200 milles marins réglementaires du départ. À peine 870km2, ce qui n’est pas grand-chose, hein, disputés entre les deux nations. Mais de l’ordre de 340 milliards de mètres cubes de gaz potentiels selon une étude de Beicip-Franlab, qui est une filiale de l’Institut français du pétrole Énergies nouvelles. Ah ouais, pas mal, tout d’un coup, hein ? Et ça n’est pas tout : figurez-vous que le Maroc aussi se retrouve avec des conflits potentiels sur des zones maritimes.
C’est que Repsol entamait déjà l’an dernier des forages au large des côtes marocaines… Dans une zone revendiquée aussi par l’Espagne, via les Canaries. Alors, cette question de frontières maritimes, c’est que le début, début, début, des peut-être guerres de demain.
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