C’est le grand oral de Rachid Belmokhtar, ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle depuis le 10 octobre 2013 ; un portefeuille qui ne lui est pas étranger puisqu’il était ministre de l’Education de 1995 à 1998.
Mais le ministère de l’Education Nationale dans un pays où la situation de l’enseignement est ce qu’elle est, n’est-il pas un cadeau empoisonné ? Fort probablement que, oui car de l’avis de tous, beaucoup, si ce n’est tout est à refaire, tellement le secteur a cumulé, de longues décennies durant, des dysfonctionnements à tous les niveaux et ce, de l’enseignement primaire à l’enseignement supérieur en passant par l’enseignement secondaire. De ce fait, toute action ou réforme qui commencerait par autre chose que par le commencement ne serait que retouche inutile.
Rachid Belmokhtar en est, d’ailleurs conscient, lui qui a affirmé sa volonté de mettre l’accent sur les quatre premières années du primaire qui, dit-il, sont décisives pour la suite de l’apprentissage. Il avançait dans ce sens un chiffre qui inquiète beaucoup plus qu’il ne surprend : 78% des écoliers sondés ne maîtriseraient pas la lecture, l’écriture ni le calcul à l’issue de leur 4ème année de primaire.
Si on ne peut que saluer la prise de conscience, on ne peut pas, par contre, ne pas s’interroger sur la solution pensée par le ministre de l’Education Nationale. On s’interroge, mais plus que cela, -là encore- on s’inquiète. Notre modèle, avance Rachid Belmokhtar, sera égyptien. Comment s’inspirer d’un modèle dont les défaillances ne sont plus à prouver ? En quoi le modèle égyptien en est un pour le Maroc, alors même que l’Egypte est bien souvent tristement fidèle aux dernières marches des classements mondiaux en termes d’éducation primaire et que l’enseignement est désespérément le parent pauvre des politiques gouvernementales ? Rachid Belmokhtar nous répondra.
Autre point à soulever dans ce grand oral, la formation des enseignants. De l’aveu même du ministre, les enseignants ne sont pas correctement formés. Quelles actions correctives prévoit-il dans ce sens ?
Et que dire des langues d’enseignement ? Arabe ou darija, arabe ou français? La question est tellement épineuse et elle est, surtout depuis l’avènement au pouvoir du PJD, objet des débats les plus violents et les plus passionnés. Tellement épineuse qu’elle n’a pas manquée de confronter notre invité à son chef de gouvernement à la suite d’une circulaire sur l’enseignement de certaines matières en français. Abdelilah Benkirane n’avait alors pas hésité à faire usage de son autorité de chef de gouvernement pour ordonner le retrait de la circulaire. Trop peu pour Rachid Belmokhtar qui n’a tout simplement pas répondu à l’appel. Comment faut-il l’interpréter ? Et au fond, quelle relation entretient-il, lui le technocrate assumé, avec un chef de gouvernement issu d’un PJD fortement engagé et fortement décidé à marquer de son empreinte l’histoire politique du Maroc ? Et, plus important, de quelle marge de manœuvre dispose-t-il réellement au sein du gouvernement ?
Comment, par ailleurs, parler du système éducatif sans parler de l’école publique qui cède tellement de terrain à l’école privée, qu’alors que certains s’inquiètent d’une école publique en voie de disparition, d’autres se demandent s’il ne faut pas plutôt s’en réjouir ?
Où en sommes-nous de la vision 2015-2030 pour l’éducation ? Quelle est la vision de Rachid Belmokhtar pour l’Education Nationale et la Formation Professionnelle ? De quels moyens humains, techniques et financiers dispose-t-il pour réformer un secteur en détresse ? Quels sont ses atouts au sein du gouvernement ? Quels sont les obstacles auxquels il fait face ?
Autant de questions et bien d’autres qui seront abordées cet après-midi avec notre invité. Nous déclarons ouvert le grand oral de Rachid Belmokhtar, ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle.
Poster un Commentaire