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Honni soit qui mal y pense


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Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’un sujet dont j’ignore absolument tout : les femmes !

Ne vous méprenez pas, des femmes j’en connais.

Comme tout le monde, j’ai une secrétaire qui m’assiste au bureau et une femme de ménage qui m’assiste à la maison en déplaçant les poussières. Il m’est même arrivé d’échanger quelques mots avec une hôtesse de l’air lorsque je ne parvenais pas à redresser seul le dossier de mon fauteuil en début de descente.

Certains d’entre nous peuvent certes les connaitre de manière plus intime lorsqu’ils ont l’infortune d’avoir une femme, une mère, une fille ou une sœur. Mais globalement, elles restent pour nous un mystère.

Et naturellement ce que nous ne connaissons pas nous fait peur. Et dans nos contrées ensoleillées, elles nous font même très très peur. Et nous avons alors pris les mesures nécessaires pour nous rassurer et pour protéger nos droits et notre virilité.

Ainsi, au royaume des hommes libres, pour nous protéger de ces femmes dont nous ne connaissons rien ou pas grand chose, nous n’avons pas lésiné et nous les avons fermement et brutalement corsetées.

Pour qu’elles ne puissent pas témoigner du mauvais sort que nous leur faisons et des mauvais traitements que nous leur réservons, nous veillons à ce qu’elles ne puissent que difficilement écrire en leur rendant difficile l’accès à l’école et à l’éducation.

Pour ne pas qu’elles soient matériellement plus à l’aise que nous, nous avons décidé de soutenir que nos sœurs n’auraient droit qu’à la moitié de la part d’héritage qui nous revient. Nous leur interdisons également la plupart du temps de travailler contre rémunération et quand parfois elles travaillent, nous nous assurons également qu’à travail égal, elles touchent une rémunération inférieure à la nôtre.

Pour que nous puissions tranquillement parler gros sous, il nous faut, lorsque l’on veut vérifier le montant d’une dette, avoir recours au témoignage de deux hommes ou alors d’un homme et de deux femmes.

Pour qu’elles ne puissent pas s’en aller avec nos fils, nous leur avons interdit de voyager sans une autorisation écrite de notre part.

Pour que jamais elles ne puissent se soustraire à nos ardeurs, nous avons rendu juridiquement impossible le viol entre époux et veillons à ne pas sanctionner trop sévèrement les viols des femmes non mariées surtout si elles ne sont pas en mesure de prouver leur virginité.

Pour qu’elles ne puissent pas nous résister, nous les épousons contre leur gré et les répudions sans raison et si malgré cela elles désobéissent alors nous leur substituons un tuteur qui décidera à leur place.

Pour leur rappeler qu’elles ne sont que notre complément, nous les renvoyons constamment à ce que nous considérons être leur mission principale, à savoir nous assurer une descendance et tenir nos maisons. Et comme elles ne doivent avoir aucun rôle en dehors de nos maisons et de nos lits, nous nous assurons qu’elles ne se sentent jamais à l’aise dans nos rues et nos cafés et c’est sans doute pour cela que le harcèlement sexuel est chez nous considéré comme socialement acceptable et n’est réellement pris au sérieux ni par les autorités, ni par la société, ni par les tribunaux.

Ces mauvaises manières que nous faisons à nos mères, à nos femmes, à nos sœurs et à nos filles nous maintiennent dans la précarité et le sous-développement. Un pays peut-il se développer en cantonnant la moitié de sa population dans un statut de citoyen de seconde zone ?

Ni le capitalisme, ni le communisme, ni l’islamisme ne sont la solution.

Elles sont la solution, les femmes sont la solution.

L’alphabétisation et l’instruction des femmes, l’égalité absolue des droits entre femmes et hommes, l’abolition de la polygamie sont des jalons indispensables au progrès social, au développement économique, à la paix et à la connaissance.

Laissons-les et surtout aidons-les à investir pleinement nos rues, nos universités, nos plages, nos administrations, nos écoles, nos hôpitaux, nos assemblées et nos ministères pour qu’elles se forgent un destin et ce faisant,  nous aident à construire une nation glorieuse, heureuse et prospère.

Libérons nos mères, nos épouses, nos filles et nos sœurs pour qu’enfin naissent des générations d’hommes libres !


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