Invités : Abdellah Cherif Ouazzani, Chroniqueur Luxe Radio chargé des questions religieuses, Omar Benjelloun, Avocat, universitaire et militant de gauche, Rachid Benlabah, Enseignant chercheur à l’Institut des Etudes Africaines, Mohsine Benkhaldoune, Membre du Parti Justice et Développement et Fatiha Layadi, Députée du Parti Authenticité et Modernité
L’islam inspire la paix, l’islam politique inspire la peur. La nuance sauve les vraies valeurs de l’islam, mais faute de nuancement, l’amalgame devient facile et force est de constater que l’amalgame a pris le dessus. La nuance veut que la pratique de l’islam soit une liberté personnelle. Mais quand un Etat est fondé et/ou dirigé par ce qui est présenté comme étant les principes de l’islam, la pratique devient politique, très peu religieuse et assez douteuse.
Car si la religion de l’islam est unique, l’islam politique est pluriel. Son visage et ses principes diffèrent mais il porte en lui, quelle que soit sa forme, une connotation péjorative en cela qu’il est accusé de prendre en otage la religion et de la manipuler à des fins politiques. D’autant plus que les systèmes basés sur une politisation de l’islam ont tendance à défendre, dans les discours, une conception du monde jugée dépassée et souvent prônant la violence.
Par ailleurs et selon le contexte géographique et politique, les partis politiques dits islamistes, ne se positionnent pas tous au même niveau dans la scène politique. Si certains appelés partis politiques à référentiel islamique soignent les formes pour se rapprocher des sphères du pouvoir, d’autres se cantonnent à leur étiquette radicale et s’en prévalent ; ils sont ainsi soit systématiquement dans l’opposition au pouvoir, soit carrément hors système. L’un des exemples les plus parlants en ce sens est celui du Parti Ennahda en Tunisie. Si le Parti avait été tout bonnement, et durant de longues années, réprimé et interdit sous Zine El Abidine Ben Ali, il a pris sa revanche en remportant les premières élections après la révolution. L’expérience n’aura pas été un succès tant la frontière entre islam et politique était quasi-absente ou, du moins, invisible alors qu’il fallait qu’elle le soit.
Ennahda l’a d’ailleurs compris et a réagi en officialisant la séparation entre ses activités politiques et de prédication en déclarant vouloir, je cite, que l’activité religieuse soit complètement indépendante de l’activité politique.
C’est très bien pour les politiques, et c’est très bien aussi pour la religion. D’autres exemples dans le monde existent, nous en parlerons dans notre débat. À quel niveau doit se situer la frontière entre religion et politique ? C’est le débat que nous ouvrons cet après-midi avec nos invités dans Avec Ou Sans Parure.
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