Les invités : Anouar Zyne, expert en communication politique et ancien secrétaire général de la jeunesse de l’UC, Ali Reda Ziane, membre du bureau politique du Parti Marocain Libéral, Salaheddine Nabigha, enseignant chercheur et vice-président de Tizi, Ghassan Lamrani, professeur universitaire et Aziz Boucetta, chroniqueur Luxe Radio chargé des questions politiques
L’arène politique, lieu de pouvoir décisionnel, a, pendant très longtemps, été privée de sa composante jeune. Longtemps aussi, les jeunes étaient dits ne pas se sentir concernés par la chose politique. On en voulait pour preuve leur éloignement des urnes marquant à chaque scrutin un taux d’abstention record. Mais les jeunes ont, petit à petit, commencé à prendre la parole pour rectifier une interprétation erronée d’un geste loin de vouloir dire un simple désintérêt. L’abstention des jeunes est au fait, un acte politique. Les jeunes ne se désintéressent pas à la chose politique, les jeunes ne se reconnaissent pas dans la politique de leurs aînés, et s’en sentent exclus.
C’est ainsi que des sections de jeunes commençaient à fleurir au sein des partis politiques, officiellement pour laisser toute sa place à la jeunesse pour exprimer ses idées et ses idéaux, et aussi, pour remonter à ses aînés, les préoccupations d’une jeune population qui veut faire entendre ses revendications.
Mais à quoi servent réellement les mouvements des jeunes au sein des partis politiques ?
Etant créés par les partis mêmes auxquels ils appartiennent, dans une volonté loin de ne pas être motivée par des intérêts d’ordre politique, les mouvements politiques des jeunes seraient, à ce titre, supposés porter la voix de leurs aînés et amener de nouveaux électeurs. La création des sections des jeunes serait aussi supposée provoquer au sein des partis, un débat générationnel interne à l’instar de celui déjà engagé dans la société.
Mais les jeunes arrivent-ils à faire entendre leur voix au sein de leurs partis ? Pas si sûr. Les aînés font-ils en sorte à ce que la voix de leurs jeunesses soit entendue, nous aurons le point de vue de nos invités et, par ailleurs, les jeunesses des partis, sont-elles une force d’opposition au sein de leurs partis, peut-être bien. La différence est-elle réelle dans la forme, sans doute, quoique la posture, les termes et les expressions qui forment le discours politique des jeunes, ressemblent souvent assez étrangement à ceux des aînés. La différence est-elle palpable à l’analyse du fond du discours, là encore, pas si sûr. Car les sections des jeunes ne sont pas un parti au sein du parti. Les grandes lignes directrices du positionnement idéologique des mouvements politiques des jeunes, ne sauraient concrètement se permettre d’être différentes de celles dessinant les contours du cadre général auquel ils appartiennent, soit le parti. Sont-ils donc indépendants au sein de leurs partis ? Administrativement, en quelque sorte, mais autrement, encore une fois, pas si sûr. Les jeunesses des partis, bénéficiant d’un système de discrimination positive se matérialisant en temps de scrutins par les listes des jeunes, n’existent que par, à travers et grâce à leurs aînés. Est-ce une volonté vicieuse de ne pas réellement donner le pouvoir aux jeunes censés représenter la relève, tout en donnant l’impression de ce faire ? Nous en débattrons dans un instant.
Autre question. Jusqu’à quel âge, le jeune d’un parti est-il encore jeune ? Les jeunes des partis correspondent-ils à la définition statistique de la jeunesse, soit le groupe de personnes âgés de 15 à 29 ans? Et bien, loin de là. Alors les jeunes des partis ont-ils du mal à prendre de l’âge, ou bien leurs aînés seraient-ils devenus des parents poules refusant de laisser grandir leurs enfants, poussant ceux-ci à la rébellion, ultime tentative de s’imposer en tant qu’adultes responsables avant de faire le choix de quitter le foyer familial ?
À quoi servent les jeunesses des partis ? Quelles relations entretiennent-ils avec leurs partis ? Comment existent-elles au sein de leurs partis ? Et au final, la section jeunesse des partis politiques, est-ce vraiment une bonne idée ? C’est le débat que nous ouvrons avec nos invités tout de suite dans Avec Ou Sans Parure.
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