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La population africaine devrait doubler d’ici 2050!


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Et ce matin, dans le Monde des Bisounours, on va parler d’un rapport de l’organisation des Nations Unis, qui établie des projections de croissance démographique pour le monde.

Or il nous dit que, concernant l’Afrique, la population devrait doubler d’ici 2050, atteignant les quelques 2,4 milliards de personnes, avant de passer à pas moins de 4 milliards vers 2100.

Ok, alors théoriquement, c’est super, parce que qui dit population en forte croissance démographique dit grande force de travail et potentiel de croissance. Sauf que. Et c’est un très gros sauf que. La Banque Africaine de développement, l’OCDE et même les Nation Unis dans leur dernier rapport du PNUD sur l’avenir économique de l’Afrique prévoient tous que le taux de croissance moyen du PIB africain, qui est de plus ou moins 4,5 % ces dernières années va se maintenir au moins pour 2015 et 2016. Et ça paraît bien, mais en fait non, car si on ramène ce taux de croissance au PIB par habitant, la croissance réelle est d’à peine 1,6 % en Afrique subsaharienne, ce qui, pour un continent aussi en retard est absolument ridicule. Eh oui, c’est toujours pareil avec la croissance, si on ne la ramène pas à la population, elle ne veut rien dire du tout.

Donc oui, la question reste et ne va hélas pas cesser d’être pendant un bon bout de temps la pauvreté en Afrique et ça n’a l’air de choquer personne. Pourtant, c’est tout de même étonnant, quand on regarde de plus près, que l’Afrique soit le seul continent qui n’effectue pas de transition démographique. Enfin, dans son ensemble, hein, parce que quelques pays commencent à le faire, dont le Maroc, d’ailleurs. Je veux dire, concrètement. Actuellement, la population africaine croît de 2,5 % par an, pour une moyenne mondiale de 1,2 %, avec une Amérique du Nord carrément aux alentours de 0,4 %. Or s’il arrive parfois que, du fait d’une mortalité reculée avant que la natalité ne s’effondre, les populations connaissent une période transitoire de forte démographie, pour l’Afrique, en particulier subsaharienne, cette forte démographie ne se dément pas depuis déjà des décennies et on ne voit aucun signe de fléchissement.

Ben je vais vous dire, les femmes du Congo, comme celles de tous les autres pays d’Afrique subsaharienne, ont beaucoup d’enfants… Et se marient très jeunes. Ainsi, une étude réalisée en 2003 dans trente pays d’Afrique subsaharienne par une équipe de chercheurs américains a montré que plus de la moitié des femmes entre 20 et 25 ans interrogées avaient été mariées avant 20 ans dans les deux tiers de ces pays, et plus de 75 % dans sept pays. Vous me direz, c’est vieux. Que nenni, la même étude, réalisée en 2013 dans 34 pays, cette fois-ci par l’USAID n’a révélé qu’une très faible différence puisque les femmes se mariaient en moyenne 0,3 années plus tard. Oui, 4 mois plus tard, quoi. Ri-di-cule !

Alors quelles sont les conséquences de tout cela ? Eh bien, si l’on ajoute à ces données les prospectives de croissances faibles, les troubles sécuritaires liés notamment au changement climatique et aux guerres entre ethnies et religions qui prennent de l’ampleur sur le continent et la prédation dont l’Afrique continue d’être victime, tant au niveau de ses ressources que de ses terres agricoles, par exemple, du fait aussi bien de la Chine que de l’Europe, les États-Unis et même le Moyen-Orient, on se retrouve face à une situation presque inextricable. Et l’une des raisons principales, sans compter un facteur aggravant de plus ! En est l’accès à l’éducation. Or, en Afrique de l’Ouest par exemple, en 2010, d’après le Wittgenstein Centre Data Explorer, environ 46 % des femmes de 20 à 39 ans n’avaient reçu aucune éducation, tandis que pas moins de 31% des hommes étaient dans le même cas. Des chiffres à faire peur et qui démontrent l’ampleur du problème. Si vous avez une population pauvre à la base, que vous n’éduquez pas du tout, sur un continent soumis à des aléas climatiques qui vont, on le sait à court terme poser de gros problèmes de sècheresse et donc de famines, notamment, alors que la situation politique, ethnique et économique est rendue instable par des frontières à l’emporte-pièce, des superpuissances prédatrices et un contexte défavorable, comment dire ? L’Afrique n’est pas sortie de l’auberge.


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