Les invités : Fihr Kettani, directeur fondateur du Studio des Arts Vivants, Meriem Khalil, doctorante – chercheuse en sciences de l’éducation, Nabil Boutaleb, sémioticien, Zoulikha Bouabdallah, artiste plasticienne et Majid Dkhissi, sociologue
« L’art sauvera le monde » disait Dostoïevski. Et il est vrai que le monde en a besoin, d’être sauvé. Et si cela peut se faire par l’art, la question mériterait au moins réflexion. Car pour que les discours se transforment en actions, la vraie, il faut parfois savoir maîtriser l’art de la patience.
Combien de discours avons-nous entendu et applaudi prônant une plus grande présence de l’art dans les domaines de l’éducation. Mais en réalité, quelle place occupe l’art à l’école ? L’art, chez nous, est-il réellement abordé comme un processus éducatif à part entière ?
Sous d’autres cieux, l’art est reconnu pour véhiculer le savoir et faciliter l’apprentissage. Une prise de conscience qui, accompagnée de faits, a conduit à l’introduction effective des arts dans différents domaines et environnements éducatifs. Les personnes ayant ainsi bénéficié, dès l’enfance, d’un développement intellectuel, émotionnel mais aussi psychologiquement équilibré, contribuent fortement, une fois adultes, au développement de leurs sociétés. L’art élève la pensée, favorise la créativité et développe les compétences. L’art se fait à travers l’acceptation de soi et de l’autre et façonne, à ce titre, une belle philosophie du vivre ensemble et une autre conception du collectif.
Partant de ce constat, devenu aujourd’hui pour certains un combat, des appels se font insistants et demandent à être entendus et considérés pour que, dans la lutte publique et politique contre les maux des sociétés actuelles, l’éducation des peuples se fasse aussi par et à travers l’art. Combien de musiques, combien de tableaux et combien d’écrits nous aident aujourd’hui à remonter le cours de notre Histoire et à retracer les racines de nos civilisations.
Et si l’art était véritablement un accélérateur d’inclusion et de cohésion sociale ? Et si l’art était la meilleure arme contre la violence et le rejet de l’autre ? Et si l’art portait en lui la réponse aux maux d’une société qui ne se retrouve plus, qui ne se comprend plus ? Et si des générations éduquées par l’art réussissaient à réinventer le monde pour en faire une meilleure place pour vivre ?
Parce que l’artiste n’est pas un citoyen comme les autres. Un des plus beaux exemples récents de ce que peut être la force de l’implication du monde de l’art pour tenter de changer le cours des choses, c’est sans aucun doute ce à quoi nous avons assisté à Washington il y a quelques jours. La Women’s march, cette marche gigantesque qui a suivi l’investiture officielle du nouveau président américain. Une marche qui a réuni plus de 500.000 personnes, parmi elles, beaucoup d’artistes. Ils étaient venus exprimer leur indignation, qui est aussi celle de beaucoup de gens à travers le monde, et dénoncer les positions affirmées par Donald Trump sur des questions sociales, le racisme, le mariage homosexuel, le droit à l’avortement, l’égalité salariale ou encore les violences policières. Elles ont affirmé être venues marcher pour celles qui ne le peuvent pas.
Éduquer par l’art. Pouvons-nous le faire et devons-nous le faire ? Quelle différence cela ferait-il si notre éducation se faisait par l’art ? C’est le débat que nous ouvrons cet après-midi avec nos invités dans Avec Ou Sans Parure.
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