Invités : Arnaud Pinier, Économiste initiateur d’une plate forme de d’économie collaborative, Mohamed Benmoussa, Économiste et Membre de Bureau Exécutif de l’Alliance des Économistes Istiqlaliens, Tarik El Malki, Membre du comité scientifique du Centre Marocain de Conjoncture et Omar Fassal, Analyste financier des marchés internationaux
Derrière le grand spectacle choquant des inégalités et de l’écart qui se creuse sans cesse entre les plus riches et les plus pauvres, se trouve un système décrié par tous, de tous temps. Le capitalisme.Le Larousse définit le capitalisme comme » un système de production dont les fondements sont l’entreprise privée et la liberté du marché. »
Mais le capitalisme se révèle être, en réalité, bien plus qu’un simple mot à définir ; d’ailleurs il n’existe pas de définition universelle qui mette tout le monde d’accord. Et à dire vrai, le capitalisme est souvent brandi comme un éventail idéologique, à un point tel que l’on a souvent l’impression, en entendant parler de capitalisme, d’entendre parler, non pas d’un système, mais d’une personne, un personnage invisible qui, à l’aide de ficelles un peu trop grosses pour être invisibles, manipulerait la planète, le monde, les sociétés et les gens.
Car en réalité ce qui fait peur dans le capitalisme ce n’est pas l’argent qui est une chose concrète, palpable, mais une chose beaucoup plus abstraite et insaisissable, qui est le pouvoir de l’argent qui fait s’installer et relever presque du naturel un rapport de domination entre ceux qui détiennent le capital et ceux qui n’en ont pas. C’est cela qui fait aussi que le capitalisme pose un grand problème à la société, un problème qui va bien au-delà des questions économiques. Le capitalisme pose, au fait, un problème d’indécence pour les uns et de dignité pour les autres. Le capitalisme est loin de n’être qu’une simple affaire économique ; plus que cela, le capitalisme est une affaire sociale et politique et nous sommes mêmes tentés de dire, philosophique ; d’où, d’ailleurs, le débat de cet après-midi.
Bien souvent, le capitalisme est opposé à la morale. Mais comment juger de la moralité ou de l’immoralité d’un système difficilement définissable ? Comment juger l’indéfinissable par ce qui l’est encore plus? Le capitalisme est-il immoral mais, d’abord, qu’est-ce que la morale ? Et là encore, comme pour le capitalisme, beaucoup de définitions se croisent. Blaise Pascal pense, à titre d’exemple, que « la morale se moque de la morale ». Nous avons aussi Emmanuel Kant qui pense que « la morale n’est pas à proprement parler la doctrine qui nous enseigne comment nous devons nous rendre heureux, mais comment nous devons nous rendre dignes du bonheur ». En ce sens, ce qu’il faudrait chercher dans le capitalisme, ce ne sont pas les moyens de l’enrichissement qui est jugé indécent des 1% qui posséderaient en 2016 la moitié des richesses de la planète ; ce qu’il faut chercher de savoir c’est si ces 1% sont dignes des fortunes qu’ils possèdent.
Le capitalisme, est-ce cette effroyable machine à produire des pauvres ? Faut-il combattre le capitalisme et les capitalistes? Chasser le capitalisme pour mettre quoi à la place ? Peut-on se défaire du capitalisme et doit-on s’en défaire ? C’est notre débat dans Avec Ou Sans Parure.
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