Le confinement, soit partiel de 15 jours et maintenant, soit total sur plusieurs mois et bientôt. Choisissez!
Le confinement, soit partiel de 15 jours et maintenant, soit total sur plusieurs mois et bientôt. Choisissez!
A l’échelle mondiale et à ce jour, nous ne savons pas l’effet de la hausse de température sur le coronavirus. Nous ignorons pourquoi les enfants s’en sortent beaucoup mieux que les adultes. Nous ne connaissons pas sa capacité de mutation ou s’il s’étalera sur une ou deux saisons. Il est fou de vouloir lutter contre un virus qu’on ne connaît pas, mais très judicieux de lutter contre le temps. Il suffit pour cela de jeter un petit coup d’œil sur l’unité de l’axe des abscisses d’une courbe épidémiologique. C’est le temps.
Les 18 cas de coronavirus déclarés au Maroc à ce jour sont soit importés, soit liés à un cas importé. Officiellement donc, on ne peut parler de foyer communautaire infecté. Mais il faut supposer, réalité pandémique oblige, qu’un premier et deuxième cluster soient en cours de fabrication chez nous. Cela veut dire, des transmissions communautaires qui se déroulent sans lien direct avec des cas importés.
L’apparition du premier foyer communautaire infecté représente un point de bascule à partir duquel la courbe épidémiologique entame ses premières réactions en chaîne, de 2,4,8,16…etc.
Pour nous tous, Il est difficile d’imaginer comment des chiffres aussi petits au début entraînent des effets gigantesques et dramatiques au final. Pourtant, la géométrie des courbes épidémiologiques est une certitude, elle est exponentielle.
Concrètement, le ressenti linéaire et apaisant des chiffres des premiers jours est trahi par la soudaineté, quelques semaines après, de la croissance. Chaque journée étant deux à trois fois plus brutale que la veille. Cinq à six fois celle d’avant.
Dans notre pays, et partout ailleurs, le temps politique, on le sait tous, est parmi les plus lents dans les schémas les plus radicaux de prises de décisions. Il veut prendre en compte les effets sur l’économie, la société, la structure sanitaire, la géopolitique, la sécurité des biens et des personnes…
En conséquence, c’est souvent l’approche de “proportionnalité” qui a été retenue dans la crise actuelle. En somme, “on prend des mesures en fonction de la gravité de la propagation”, à l’italienne, à l’espagnole ou à la française.
Autrement dit, on n’anticipe pas. On gère. Les phénomènes épidémiologiques, eux, profitent de la lenteur de ce temps politique et trompent les autorités et les décideurs par le silence et la gentille linéarité de diffusion des premiers jours. Quelques semaines plus tard, les états découvrent la soudaineté du quotidien. C’est déjà trop tard. On ne rattrape pas une Ferrari à pied. Au contraire, l’écart se creuse davantage à la faveur du virus, toujours.
Tout ce qu’on peut faire alors, c’est d’étaler le pic de la courbe sur la durée pour réduire les tensions sur les structures sanitaires. Bref, tenter de limiter les dégâts selon les capacités de chacun des pays. C’est le chaos sur toute une saison, peut être deux. Les experts parlent de 60 à 70% de population atteinte.
Au Maroc, avec 18 cas confirmés à ce jour, une question se pose: si la France, l’Italie ou l’Espagne étaient aujourd’hui à 18 cas confirmés seulement, prendraient t-elles les mêmes décisions de “proportionnalité”?
Réponse: mille fois non.
Plusieurs de leurs experts reconnaissent déjà qu’ils n’ont pas tiré les enseignements des crises sanitaires passées. Dans une confrontation mercredi dernier avec Olivier Véran, ministre français de la santé, le professeur Éric Caumes, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Pitié- Salpêtrière à Paris, est sorti de son silence en direct sur une chaîne française pour sous-entendre que la France se dirige inéluctablement vers le confinement total et à domicile à l’italienne pendant plusieurs mois à défaut des mesures radicales qui auraient dues être prise au tout début du premier cluster en France.
De grands pays ont adopté une gestion calamiteuse de la crise actuelle. Il ne faut pas avoir honte de le dire et il semble que nous, marocains, nous les suivons.
Si ces pays étaient au stade auquel se trouve aujourd’hui le Maroc, ils auraient sans aucun doute confiné, et à domicile, toute ville ayant un début de cluster et pendant deux semaines. Ensuite, deux villes s’il le faut. Et ainsi de suite. Parallèlement à une mise en quinzaine de toute personne venant de l’étranger.
Cette mesure, aussi radicale qu’elle puisse paraître, n’est naturellement pas du goût des politiques ni de leur perception des choses. Et elle a un coût bien entendu. Malheureusement, ceux qui refuseront le confinement partiel de deux semaines feront un confinement total de plusieurs mois, avec un coût mille fois supérieur.
Eux, ces grands pays, avec leur systèmes sanitaires les plus performants et leurs budgets, n’ont plus le choix aujourd’hui. C’est le confinement total pour plusieurs mois qui les attend.
Nous, marocains, nous avons encore le choix du confinement partiel et à domicile de deux semaines, mais seulement pour quelques heures encore. Endiguons ce foutu virus maintenant, tout de suite, tant qu’on a encore la chance d’être au stade de la formation des premiers clusters. Après, ce sera impossible.
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