Les invités : Lahcen Daoudi, membre du Secrétariat Général du PJD et ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, Khalid Naciri, membre du Bureau Politique du PPS et ancien ministre de la communication, Omar Balafrej, élu de la Fédération de la Gauche Démocratique et Mohamed El Maazouz, membre du Bureau Politique du PAM
Le scrutin du 7 Octobre a donné un gagnant, c’est le PJD. Avec un total de 125 sièges remportés sur les 395 qui étaient en jeu, le Parti Justice et Développement conserve donc sa place de premier parti du Maroc, et réussit même à gagner 18 sièges supplémentaires par rapport à son score de 2011.
Mais le mode électoral en vigueur au Maroc étant ce qu’il est, il est quasi impossible pour une formation politique, quelle qu’elle soit, de dégager une majorité absolue lui permettant de gouverner seule.
Si, donc, le PJD est assuré à présent de la solidité de sa base électorale, il n’en est sans doute pas de même de sa capacité à gouverner.
Car pour gouverner, le PJD a besoin de rallier d’autres partis afin de constituer une coalition gouvernementale. Les choses avaient été plus ou moins difficiles en 2011, mais Abdelilah Benkirane, alors nommé Chef de gouvernement et, à ce titre, chargé de former son équipe gouvernementale, avait tiré son épingle du jeu.
Mais, souvenez-vous, la première coalition gouvernementale formée à l’issue des législatives de 2011 n’avait pas tenu longtemps. Très vite, des différends de fond avaient surgi et ont eu raison de la solidarité à toute épreuve initialement affichée par les chefs des partis de la majorité.
L’Istiqlal a claqué la porte et le RNI avait été appelé à la rescousse et répondu présent à l’appel, évitant au Maroc une crise, dont il n’aurait peut-être pas su se sortir.
Mais de l’eau a coulé sous les ponts depuis lors.
Et si Abdelilah Benkirane peut encore se targuer du soutien infaillible du Secrétaire Général du PPS pour le prochain gouvernement, si tant est la position de l’homme soit celle de son parti, et si tant est Abdelilah Benkirane soit celui qui, au sein de parti, aura été désigné par le Roi pour diriger le prochain gouvernement, …
Si, par ailleurs, Abdelilah Benkirane peut se rassurer du soutien, même conditionnel, du Mouvement Populaire, une simple addition des sièges obtenus par les uns et les autres montrera alors que ce n’est pas assez.
Car rappelons-le, le PJD et le PAM ont raflé à eux seuls, 227 sièges. Il n’en est resté pour les autres partis, tout positionnement confondu, que 168.
Que le PJD réussisse à reformer fidèlement la coalition de 2011 ou encore celle de 2012, la majorité sera courte. 210 sièges si la première, avec le soutien de l’Istiqlal, venait à être reconduite, et seulement 201 si le RNI acceptait de récidiver.
Mais l’opposition promettant d’être beaucoup plus féroce qu’elle ne l’a été pendant les cinq dernières années, il est clair que pour gouverner avec plus ou moins d’aisance, il faudra au prochain chef de gouvernement faire preuve de beaucoup plus d’ingénuité pour rallier un maximum de partis à sa cause.
L’Union Constitutionnelle, parti conservateur ayant, autrefois, fait le choix de l’opposition, accepterait-il, avec ses 19 sièges, une main tendue du PJD?
L’USFP, 20 sièges, parti socialiste historique en déclin et dont la reconstruction devient plus qu’urgente, se laissera-t-il tenter par un retour aux gouvernes ou préfèrera-t-il, plutôt, répondre à l’appel d’une forte opposition de gauche ?
Le PJD est-il en position de force dans les négociations ou gouvernera-t-il avec qui voudra bien ? C’est le débat que nous ouvrons cet après-midi avec nos invités dans Avec Ou Sans Parure.
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