L’étude est disponible, en anglais, sur le très sérieux site pnas.org, de l’Académie des sciences des États-Unis. Réalisé par Gerardo Ceballos, de l’université de Mexico, avec Paul Ehrlich et Rodolfo Dirzo, de celle de Stanford, ce travail affirme qu’une sixième extinction est en cours. La communauté scientifique en dénombre cinq, dans ce qu’elle peut reconstituer de l’Histoire de la planète. Elle compte l’extinction des dinosaures comme la cinquième.
Que deux espèces disparaissent par an ne nous dit pas grand-chose. Il y a d’ailleurs des gens qui se demandent si ce ne serait pas « normal ». Aussi, nos chercheurs, au lieu de se concentrer sur les seules extinctions, ont étudié la réduction des populations de 27 600 espèces de vertébrés, mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens terrestres — dont particulièrement 177 mammifères pour lesquels ils disposent de plus d’un siècle de données. 40 % de ces derniers ont vu leur aire de répartition historique se réduire de 80 %, depuis 1900.
Les auteurs conviennent de ce que la disparition d’une espèce dans une région ne signifie pas pour autant son extinction partout. Mais cela peut en être le prélude. Les causes énoncées sont multiples : l’agriculture, l’urbanisation et les routes dont les croissances réduisent d’autant les habitats naturels, l’industrialisation, la pollution, etc. La chasse et le braconnage, aussi. Nous aurions une fenêtre courte de deux ou trois décennies pour tenter de sauver la biodiversité. Quand on voit le mal qu’ont eu et ont encore les écologistes à convaincre nos décideurs des réalités du changement climatique, on peut craindre le pire.
Les chiffres sont « catastrophiques », pourtant. 32 % de la totalité des espèces étudiées ont leur population et leur étendue en fort déclin. Guépards, girafes et autres orangs-outans s’en vont sous nos yeux. Mais aussi des espèces « communes », comme le chardonneret, en France, un petit oiseau qui a perdu 40 % de ses effectifs ces dix dernières années. Enfin, l’une des régressions les plus visibles est celle du lion, que l’on retrouvait du sud de l’Afrique à celui de l’Europe, et de l’Inde aux monts de l’Atlas. Son terrain de jeu est une peau de chagrin.
Il est fini, le temps où le monde nous paraissait vaste, inépuisable et… peuplé de bêtes féroces qui rappelaient l’être humain à l’humilité de sa condition. Ou, pour être précis, ce temps est fini pour les plus riches d’entre nous. On se souvient de ce dentiste américain qui, en 2015, a payé 55 000 dollars pour abattre le lion Cecil, qui était en fait la mascotte du parc national du Zimbabwe — même si le chasseur affirme qu’il a été trompé par ses guides.
Il est intéressant de se souvenir que les habitants des villages de la région se plaignent, eux, de ne pas pouvoir se défendre contre d’autres congénères de Cecil, qui, parfois, les attaquent. Cette même année, dans un parc d’Afrique du Sud, une touriste a, contre toutes les consignes, ouvert la fenêtre de sa voiture pour faire une photo. Une lionne a bondi, et s’est sans doute vengée d’une longue frustration en mordant mortellement l’imprudente visiteuse.
Les lions ne sont pas des chats, mais réguler n’est pas exterminer, non plus. Toutes les traditions placent l’être humain en position de médiateur dans la nature, à laquelle il appartient, lui aussi. Lorsqu’Adam est créé comme un « khalife » sur Terre, c’est pour qu’il la gouverne, puisque lui sont confiés les noms de « tous les êtres ». C’est sans doute pourquoi l’on dit que le saint « soutient le monde par sa seule respiration ».
Les anciens Chinois voyaient une image de « l’homme véritable » dans la figure de la tortue. La carapace forme le cosmos : le haut représente le Ciel et le bas, la Terre. Au milieu, et partie de cet ensemble organique, l’être humain. Il semble que depuis quelques siècles nous travaillons avec acharnement à la destruction de notre carapace. Mais personne — pas même les scientifiques — ne nous dit qu’il sera après nous, le déluge…
Le groupe néo-zélandais Naked and Famous, a publié en 2010 son premier album, Passive me, agressive you, revisitant les années ’80. Parmi quelques pépites de pop-rock, on trouve un hommage aussi discret qu’irrévérencieux à Bowie, intitulé The Sun.
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