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L’ONU, ce grand machin qui marche sur la tête?


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Et ce matin on va parler d’une nouvelle qui n’a pas fini d’enflammer la toile : la nomination à la présidence d’un groupe consultatif chargé de présélectionner les enquêteurs de l’ONU sur les violations des droits de l’homme pour le compte du conseil des droits de l’homme.À croire que l’ONU devient facétieuse dans ses nominations, après Israël et la décolonisation, qui de mieux pour sélectionner les enquêteurs sur les cas de non respect des droits de l’homme que le pays qui bat cette année encore, son propre record de décapitation ?

Alors ce qu’il faut savoir, c’est qu’en réalité, Faisal Bin Hassan Trad, l’ambassadeur saoudien auprès des Nations Unies, dirigeait de manière effective le conseil consultatif depuis juin, déjà. Mais  cela fait à peine quelques jours que l’ONG pro-israélienne UN Watch révélait ce mandat à la presse, provoquant le scandale que l’on sait.

Alors si, il y a plein de raisons de s’étonner. La première, c’est évidemment la nomination elle-même, qui est ubuesque quand on pense aux droits des femmes qui, certes, ont progressé puisqu’elles ont le droit de voter aux élections locales et même de conduire, haha, mais toujours pas de travailler ou voyager sans l’autorisation d’un homme. On peut aussi penser aux droits des travailleurs étrangers, à la manière dont on condamne à 1000 coups de fouets et 10 ans de prison un bloggueur et bien entendu, à l’exécution imminente d’un jeune chiite, Ali Mohammed al-Nimr, pour avoir participé à une manifestation en 2012. Mais bon, peut-être qu’il faut y voir une forme de militantisme visant à mettre l’Arabie Saoudite devant ses responsabilités ?

La deuxième chose fort surprenante, c’est que c’est une ONG pro-israélienne qui a révélé la chose, pas, je ne sais pas, moi… Une ONG pro-irannienne ou pro-russe, les opposants les plus évidents à l’Arabie Saoudite. Mais, quand on relit le discours de Poutine à l’ONU, finalement, on s’étonne moins : si on sape l’autorité morale de l’ONU, on va tout droit à la guerre, une troisième guerre mondiale que le Nouvel Obs voyait déjà commencé hier, d’ailleurs, soit dit en passant. Et toute action visant à démontrer l’inanité de l’ONU tend à donner raison aux pays qui voudraient se passer de son accord pour agir, aux rangs desquels on trouve en premier lieu les États-Unis. Bon, il y’a aussi que, côté violations des droits de l’homme, Israël n’est pas le dernier et qu’un pays arabe à la tête de cette commission consultative, ça pouvait sentir le roussi, mais bon… Toujours est-il que le scandale a bien failli mettre le feu aux poudres et a remis bien des questions désagréables sur le devant de la scène. Notamment, encore et toujours, l’opposition chiites-sunnites, entre la coalition qui fait la guerre aux houtistes au Yémen et bien entedu, on y revient, le cas du jeune protestataire qui devait être sacrifié le jour de l’aïd et dont le sort est pour l’instant en suspend.

Au résultat, bien entendu, l’Arabie Saoudite a été contrainte de retirer sa candidature, mais cela s’est fait tout aussi discrètement que sa nomination initiale, au point que certains continuent à faire leur beurre politique en local sur cette nomination, comme par exemple le parti nationaliste de la Coalition Avenir Québec, qui demande à son pays, par l’intermédiaire du député Benoit Charette de cesser de financer ce conseil tant que l’Arabie Saoudite est à la tête de cette commission. Un petit train de retard, donc, mais c’est pas grave, allez ! Reste qu’il faut malgré tout qu’un président soit nommé. Or c’est le tour de l’Asie de fournir un président. Ah ! Quel bonheur de s’imaginer la Chine à la tête de cette commission ! Bon, évidemment, avec les États-Unis qui refuseront, nous sommes sauvés. L’Inde ? Le Japon qui se remilitarise ? Non, là, c’est la Chine qui refusera, dans les deux cas. On parle donc d’un candidat offsider plutôt surprenant : la Mongolie.

Ah ben oui, plutôt surprenant quand on sait que la Mongolie, coincée entre la Russie et la Chine, ne fait même pas partie du conseil consultatif des droits de l’homme. Ça fait un peu tache, si tant est que l’on soit absolument rassuré quant à l’indépendance d’esprit et la farouche volonté de défendre les droits de l’homme d’un pays aussi extrêmement pauvre et aussi extrêmement récent dans sa forme politique actuelle. Bref, on le voit bien : l’ONU ce grand machin, n’a pas fini d’être remis en cause pour tous les dysfonctionnements que son système génère. Et pourtant, si je suis la première à me méfier du caractère excessivement dangereux de Poutine, je suis d’accord avec lui sur un point : la situation actuelle est tellement volatile qu’elle pourrait bien mener à une explosion si l’équilibre, que l’ONU a contribué à maintenir ces 70 dernières années, est rompu.


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