Invités : Mohammed Guessous, Chirurgien esthétique, Rajae Aghzadi, Professeur de chirurgie cancérologique – Spécialiste de la chirurgie du sein, Richard Abittan, Chirurgien spécialiste en obésité, Ghita Alami, Psychologue clinicienne et Maria Benjelloun, Nutritionniste diététicienne
Dans la course à la perfection, la chirurgie esthétique devient dans certains milieux un passage obligé. L’engouement pour la chirurgie esthétique est certainement à mettre au compte du poids des apparences dans une société présentant des modèles esthétiques plus ou moins normalisés et générant, au passage, des frustrations chez des gens complexés par une ou plusieurs parties de leur corps. Seulement, alors que, dans le temps, il n’y avait d’autre choix que celui d’apprendre à vivre avec ses complexes, la science est venue dire que tout est possible. La perfection –physique du moins- n’est plus un fantasme, mais bien une réalité. La possibilité de choisir un corps et s’y reconnaître plutôt que de subir un corps en quelque sorte imposé, c’est la magie de la chirurgie esthétique. D’autant plus que celle-ci s’est, au fil des ans, grandement perfectionnée et, dans une certaine mesure, démocratisée voire même, banalisée.
Mais cette course effrénée à la beauté parfaite, n’est pas superficielle pour autant. Elle cache, dans beaucoup de cas, un mal-être profond, un sentiment d’infériorité et un besoin, des fois, obsessionnel de se comparer à l’autre, plus beau, plus accepté, plus aimé et plus intégré dans la société. La quête de la beauté est en ce sens indirectement, une quête d’une acceptation de soi et, plus largement, une quête d’une reconnaissance sociale.
Relier le recours à la chirurgie esthétique à la simple vulnérabilité vis-à-vis des codes de l’industrie publicitaire et cosmétique, pourrait en ce sens être une aberration, un facile raccourci. Car l’intervention chirurgicale esthétique n’est pas que physique, elle est aussi profondément psychologique. Sauf que, de l’avis de beaucoup de psychologues justement, recourir systématiquement à la chirurgie esthétique ouvre la porte à une série infinie d’insatisfactions. Ainsi, d’une petite injection pour effacer quelques petites ridules, à une liposuccion ou à une rhinoplastie pour le seul plaisir de ressembler à untel ou un autre, il n’y aurait qu’un pas.
Risque d’insatisfaction chronique mais aussi un risque de dépendance. La chirurgie esthétique comporte, en effet, quelques risques et peut entraîner des conséquences physiques et/ou psychologiques pouvant être graves. Surtout lorsqu’on apprend que la chirurgie esthétique peut être pratiquée par des médecins non-spécialisés. En d’autres termes et aussi absurde que cela puisse paraître, les praticiens de la chirurgie esthétique ne sont pas toujours des chirurgiens esthétiques ou plasticiens ; ils peuvent être généralistes, par exemple. Comment l’expliquer? Et comment, dans ce cas, s’assurer de la qualification de son médecin avant de se livrer à son bistouri ? Comment quantifier les risques de la chirurgie esthétique ? Quels recours pour les patients quand, pour eux, le rêve se transforme en cauchemar ? C’est le débat que nous ouvrons avec nos invités cet après-midi dans Avec Ou Sans Parure.
Poster un Commentaire