Et ce matin, on part dans un univers de science-fiction devenu réalité : la médecine cybernétique.
Ah ben oui, mais vu comme cela, évidemment, ça paraît moins extraordinaire. Et au fait, le monsieur qui vient de parler s’appelle Joël de Rosnay et c’est l’ancien directeur des applications de la recherche à l’Institut Pasteur et l’actuel conseiller du président de la Cité Des Sciences et de l’Industrie de La Villette.
Mais reprenons : s’il suffit d’avoir une prothèse pour être considéré cyborg ou humachine, dites, y’en a bien plus qu’une trentaine. D’autant que désormais, on est capable de créer des prothèses connectées aux patients imprimées en 3D à moins de 200€, alors pensez ! Eh oui, souvenez-vous du petit Maxence, 6 ans et de sa main de super-héros obligeamment fournie par l’association américaine e-Nable. Une première en France ayant eu lieu cet été, mais à peine l’un des milliers d’enfants ayant bénéficié du projet un peu partout dans le monde. Et ça n’est pas tout : nous sommes désormais dans un monde de miracles permanents. Les aveugles voient, les sourds entendent et les paralytiques remarchent, si, si, si ! Ainsi, une jeune femme devenue paraplégique après un accident de sky est devenue célèbre aux Etats-Unis après s’être vu adjoint un exosquelette équipé de vérins hydrauliques réalisé par l’entreprise 3D Systems.
Comme vous y allez, tout de suite ! Non, en fait, là aussi, la structure a été imprimée en 3D et réalisée en polyamide, plus légère, confortable et beaucoup moins coûteuse que le métal. Mais l’idée est là : on peut désormais sans problème créer des exosquelettes médicaux et bien d’autres choses assez simplement. En fait, les avancées foudroyantes de la technologie ces dernières années rendent des miracles non seulement possibles mais même pas bien chers. Et il semble ne plus y avoir de limites. Aux Etats-Unis, on a ainsi remplacé 75% du crâne d’un patient accidenté par du polymère et créé une attelle résorbable pour la trachée d’un nourrisson. On travaille de plus en plus sur des organes artificiels imprimés eux aussi en 3D. Et si, pour le moment, on n’est pas encore tip top au point, ce qui passait pour complètement impossible il y a à peine deux trois ans relève maintenant d’un futur presque immédiat.
Alors, en dehors de l’erreur de prononciation au doublage bio-ionique bionique, qui me fait personnellement beaucoup rire parce que faisant du doublage moi-même, je comprends la déconcertation du bonhomme face à un terme qu’il n’a jamais entendu, de facto, on en est là. Et se pose une question prégnante : si l’on est capable de doter un individu ayant été privé par la nature d’un sens fondamental, ne peut-on pas augmenter les sens d’un autre, tout à fait normal ?
Et c’est là qu’on retrouve les quelques 30 humachines de notre ami Joël de Rosnay que je citais tout à l’heure. Les cyborgs qui se promènent sur les campus américains testent des possibilités d’interconnexion homme-machine complexes, intégrant le réseau et un échange serré d’information entre des puces qu’ils portent sur eux et qui peuvent interagir avec l’environnement et eux-mêmes.
Enfin, quand on dit aller à l’intérieur, le monsieur veut juste dire qu’on peut monitorer à distance ses paramètres vitaux, comme les battements du cœur, sa respiration, etc. Y’a même des gens qui réfléchissent à des tissus intelligents capables de faire cela et de se connecter à une base de données permettant de comparer ses performances dans le temps. C’est amusant, comme idée, non ? Oui, mais appliquée par des militaires, tout d’un coup, ça nous donne un peu plus de frissons, vous ne croyez pas ?
Ben oui, imaginez un homme avec un exosquelette, ayant plus de sens que prévus à la base, genre une super audition ou bien une vision infrarouge, dont on est capable de savoir aux battements du cœur s’il est en situation de stress à des milliers de kilomètres, c’est un peu le soldat parfait, non ? Ne riez pas, bien évidemment, ce genre de recherches a lieu. A dire vrai, ce sont les militaires qui ont développés, pour leurs soldats revenant du front, toutes les prothèses fabuleuses dont nous disposons actuellement.
Rhaâââ… Tout de suite, les grands mots ! Non, ce n’est pas la route menant à l’enfer. C’est un nouveau monde. Il va, c’est indéniable, être de moins en moins cher et de plus en plus simple de s’adjoindre des prothèses, des puces et autres gadgets ou non imprimés en 3D sur des concepts complexes rendus simples qui vont nous permettre de réaliser des miracles mais aussi de rentrer dans un monde de plus en plus cyberpunk d’augmentations des capacités humaines. C’est à la fois terrifiant et excitant. C’est une preuve supplémentaire que nous vivons le temps de la réalisation de la science-fiction. Et franchement, à choisir, je préfère rendre la vue à un aveugle plutôt que constater jour après jour qu’on est en 1984. Il n’en reste pas moins que la vieille question éthique qui se posait aux écrivaillons du siècle dernier comme aux technomédecins de nos jours est bel et bien d’actualité : où s’arrête l’homme et où commence la machine ? Et, peut-être plus important, quand devient-on obsolète quand on n’est pas augmenté ?
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