Les invités : Jean Zaganiaris, enseignant chercheur en sociologie, Mehdi Bensaid, membre du Bureau Fédéral du PAM, Omar Balafrej, élu de la Fédération de la Gauche Démocratique et Driss Jaydane, chroniqueur Luxe Radio chargé des questions philosophiques
La méritocratie, cette notion à la fois politique, économique et sociale qui veut que le pouvoir et les privilèges soient obtenus par le mérite. Elle porte aussi en elle des valeurs d’égalité des chances, de juste répartition des opportunités et de reconnaissance des qualités de chacun des membres d’une société.
Le sociologue britannique Michael Young serait l’inventeur du mot « méritocratie », mais les récits historiques veulent que ce soit Napoléon qui fut le premier à avoir instauré un système de méritocratie en Europe. Voilà pourquoi la France est aujourd’hui encore souvent présentée comme un exemple, un modèle en la matière.
Mais la méritocratie, en voulant limiter l’accès au pouvoir à ceux qui le méritent, est critiquée pour, justement, porter en elle, les sources de toutes les inégalités constatées dans les sociétés dites méritocratiques. Les normes du mérite étant mises en place par des personnes étant déjà au pouvoir.
La méritocratie serait au fait selon certains, un leurre qui n’aurait, au fond, qu’une fonction psychologique. Dans le sens où croire à un monde juste favorise l’investissement entier et total des individus dans leurs études comme dans leur travail ; ils se sentent ainsi maîtres de leur destin et plus que cela, ils se sentent seuls responsables soit-il de leur réussite ou de leurs échecs. Faire croire à une société méritocratique serait, dans ce sens, une manipulation des esprits, empêchant ceux-ci de perdre espoir en une société où les cartes de la réussite sont distribuées à l’avance. Une société méritocratique serait une société qui tolère, de facto, les inégalités des chances. Non seulement elle tolérerait l’inégalité des chances, la méritocratie irait même jusqu’à les justifier.
Ce concept qu’est la méritocratie, a longtemps été étudié par les philosophes, les sociologues et même été souvent utilisé dans les discours politiques, et continue. Car il fait beau, dans un discours, défendre les principes d’une juste répartition des chances sociales.
Mais qu’en est-il vraiment ? La méritocratie est-elle une réalité, un rêve possible ou un simple leurre ? Qu’en est-il précisément au Maroc ? Le Maroc est-il une société méritocratique ? Si oui, quelles sont les normes du mérite au Maroc et, enfin, tout le monde a-t-il la même chance de satisfaire à ses normes ? C’est le débat que nous ouvrons avec nos invités cet après-midi dans Avec Ou Sans Parure.
Poster un Commentaire