Invités : Mamoun Lahbabi, écrivain et professeur universitaire, Murtada Calamy, écrivain, Abdellah Cherif Ouazzani, Chroniqueur Luxe Radio en charge des questions religieuses, Valérie Morales, Membre du Bureau du Parti Les Républicains du Maroc et Guy Boulet, Membre de la Fédération des Français de l’étranger du Parti Socialiste
C’est la polémique du moment en France, après le débat sur le port du voile et de la Burqa dont la France ne s’est pas sortie indemne, le faux-débat sur la mode orientale, appelée aussi mode islamique, est lancé. Tout a commencé quand des marques de prêt-à-porter ont commencé à proposer dans leurs rayons des vêtements couvrant tout le corps et s’adressant tout naturellement à des femmes musulmanes ayant fait le choix du voile. Si les marques s’ouvrent à ce marché faut-il y voir un positionnement idéologique ? Sans doute que non, mais l’enjeu financier est certainement considérable ; pourquoi doivent-elles s’en priver et au nom de quoi ?
Sauf que tout le monde ne le voit pas de cet œil. Le débat est loin, très loin de se positionner sur le terrain de la mode et de la créativité ; le débat est aujourd’hui politique et religieux. Pour certains, la mode islamique c’est le contraire de la mode car, je cite, ça contribue à l’effacement du corps de la femme au lieu de le sublimer et plus que ça, c’est l’effacement d’une part de l’individu. Pour d’autres, proposer des vêtements couvrant tout le corps c’est carrément se rendre complice de l’enfermement de la femme. Les détracteurs de la mode islamique craignent que cela ne banalise le voile ; la mode islamique, disent-ils, est une glamourisation du voile, dangereuse, selon eux, puisque susceptible de faire oublier la connotation religieuse du voile.
Mais au-delà de ces arguments qui respectent une certaine élégance de la critique et dont chacun est libre de contester le bien-fondé, le débat sur la mode islamique en France a littéralement tourné à l’hystérie. C’est ainsi que pour la ministre française des droits des femmes, les femmes voilées sont à comparer, je cite, « aux nègres américains qui étaient pour l’esclavage ». Pour Pierre Bergé, co-fondateur de la maison Yves- Saint Laurent, le voile est ni plus ni moins qu’une prison ; il se dit par ailleurs je cite, scandalisé par les créateurs de mode qui oublient cela pour simplement faire du fric. Autre réaction, celle de la femme de lettres, philosophe et féministe Elisabeth Badinter qui appelle de son coté au boycott pur et simple des marques qui commercialisent des vêtements dits islamiques.
Quelle interprétation donner à de tels débats dont seule la France a le secret ? La mode orientale, ou islamique, est-elle la limite à la création ? Une femme, en France, peut-elle être voilée et aimer la mode ? La France lui en donne-t-elle le droit ? C’est le débat que nous ouvrons cet après-midi avec nos invités dans Avec Ou Sans Parure.
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