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Ces pays qu’on n’arrive pas à désarmer


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Bon, ça n’a pas loupé, ma bonne résolution de l’année, qui me voulait plus Bisounours et n’évoquant que les belles idées qui, peut-être, allaient nous permettre de changer le monde ne tient pas devant la marche des choses. Or donc, hier, toute la journée a résonné des échos de l’essai nucléaire coréen.

Alors, vous avez forcément suivi l’affaire. S’agissait-il ou non d’une bombe H miniaturisée, comme le régime le prétend, ce qui serait gravissime parce que 100 fois plus forte qu’une bombe A et envoyable via missile longue portée ou pas, ce n’est pas clair. Et les experts qui vous disent qu’ils n’y croient pas n’ont pas empêché la communauté internationale de décider d’une réunion en urgence du conseil de sécurité mercredi prochain à New York et de spéculer copieusement sur ce que pèseraient réellement les forces de Kim Jong Un dans une bataille hypothétique en Mer de Chine. Pour la Corée du Sud, il faut que sa voisine nordique « paye » cet essai nucléaire, pour le Japon, c’est une grave menace pour le pays et l’équilibre régional et, en toute franchise, même si les États-Unis se disent confiants quant au fait que PyongYang n’a pas la Bombe H miniaturisée qu’elle a annoncée, on déclare tout de même que des mesures appropriées à la provocation vont être prises incessamment. En fait, c’est clair, même la Chine qui aurait bien voulu, fût un temps, soutenir une Corée du Nord raisonnable ne le fait plus et la Russie non plus.

Oui, il pousse le bouchon, mais des analystes spécialistes de la question disent qu’en réalité, il est incontrôlable, Maurice, enfin, je veux dire Kim Jong Un, parce qu’il doit faire ses preuves dans un régime autocratique complexe à maintenir alors que le pays est très appauvri et souffre régulièrement de privations allant jusqu’à la famine du fait de son isolement. Le but du jeu est donc d’assurer, l’année des 70 ans du régime et du premier congrès du Parti organisé depuis 36 ans, c’est-à-dire depuis avant la naissance du leader actuel, la pérennité du régime. Et, c’est bien connu, rien de plus soudant pour une nation que de jouer sur la fibre patriotique à coup de « on a les plus grosses armes et on est entouré d’ennemis qui veulent notre mort ».

Le problème c’est que ce genre de communication, dont on peut presque se dire qu’elle est avant tout destinée à la politique intérieure, c’est qu’elle a de quoi faire flipper à l’extérieur et quand on dit qu’on doit s’armer pour se défendre d’un monde hostile, ça peut vite dégénérer en prédiction auto-réalisatrice. Bref, tout le monde est très nerveux, quoi. Et force est de constater qu’aucune stratégie n’a réussi à faire désarmer la Corée du Nord, qui a carrément inscrit dans le préambule de sa Constitution son statut de puissance nucléaire en 2012, même si, parfois, on a désescaladé en échange d’aides ponctuelles nécessaires. Il faut dire que pour le régime, accepter de désarmer, c’est se voir condamné, comme la Lybie de Kadhafi l’a été quand les accords anti-nucléaires ont été signés. L’argument est, comment dire ? Frappant et pas complètement faux.

Des armes, des armes, des armes, y’a un autre pays qui actuellement fait résonner des bruits de bottes potentiels et dont on a essayé des décennies durant d’empêcher de s’armer, c’est l’Iran. Et, au cœur de la crise qui l’oppose à l’Arabie Saoudite, l’Iran se permet de dévoiler des rampes de lancement souterraines de missiles à longue portée qui ont de quoi inquiéter, le tout, en promettant d’ailleurs d’augmenter le budget d’armement. Alors certes, pas nucléaires, les missiles mais bien suffisants pour poser problème tout de même. Les États-Unis sont bien embêtés, dites donc, eux qui venaient de changer leur fusil d’épaule et de réintégrer à la communauté internationale l’ancien mouton noir du Moyen-Orient. Alors, on parle de nouvelles sanctions mais bon, ça ne fait plus tellement peur, alors que l’embargo vient de tomber et que toutes les entreprises du monde se précipitent en Iran pour faire du business.

Alors au final, que peut-on faire ? Hélas, il n’y a pas d’état d’équilibre, que l’on pourrait maintenir grâce à la vigilance et la réprobation de la communauté internationale perçue comme un tuteur de pays parfois déraisonnables qu’on peut ramener dans le droit chemin. On est à un moment de crise, désormais, qui démontre l’échec de ce fonctionnement. Or l’étape prochaine des rotondomades des uns et des autres, dans un moment de crispation identitaire et de renégociation des équilibres géopolitiques, c’est la guerre. Alors je ne sais pas selon quelles modalités, où et pourquoi. Mais personnellement, je trouve que ça ne sent pas bon.


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