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Les pesticides, ces produits cancérigènes dans nos champs


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Et ce matin, on va donc parler de pesticides. C’est que, je ne sais pas si vous avez suivi toutes ces dernières années, la bataille est rude. Le cas des parlementaires européens contaminés au glysophate a fait couler beaucoup d’encre, d’autant que le produit est classé cancérigène probable, malgré le lobbying acharné d’entreprises faisant profession de vendre ces produits, comme Monsanto, par exemple. Et c’est bien de cette firme qu’on va parler, parce qu’il y a deux semaines, elle a refait parler d’elle, lors de ce que la presse a appelé le mariage des affreux : son rapprochement probable avec Bayer, le labo pharmaceutique. Les caricaturistes s’en sont donnés à cœur joie, avec des formules acerbes du type : l’alliance idéale, l’un rend malade, l’autre fabrique les médicaments pour soigner, etc. Bref, on peut dire que Monsanto, contre qui a lieu une marche mondiale tous les ans, qui s’est déroulé il y a quoi ? Trois semaines, peut-être ? C’est un peu le grand méchant de tous les grands méchants qui se moquent de notre santé, quoi.

Faut dire que l’entreprise a une histoire sulfureuse. De son fameux agent orange ayant fait l’horreur de la guerre du Vietnam au scandale des PCB, (comme dans polychlorobiphényles) lesquels ont fini par être  interdits dans les années 80 jusqu’à son produit phare dans les pesticides, le Roundup au glyphosate, justement…

Ceci dit, rendons justice à Monsanto, leur truc à eux, qui fait 70% de leurs revenus, ce sont les semences transgéniques. Et s’ils sont devenus le symbole de toutes les multinationales pourries du secteur, ils sont loin d’être la première. Tenez, Bayer, dont on dit qu’il pourrait les racheter, fait pas moins de 22% de ses revenus dans les pesticides, déjà. Eh oui, ça n’est pas qu’un labo pharma. Ça n’est pas non plus que le sulfureux producteur du Zyklon B (et hop ! Point Godwin atteint… Trop facile avec un sujet pareil). C’est aussi le producteur de pesticides néonicotinoïdes qui tuent les abeilles et pas mal d’autres choses nécessaires à la survie humaine, à dire vrai.

Oui, ben ça, c’est un peu fini, si vous voulez. En Chine, aux États-Unis, de plus en plus, des apiculteurs spécialisés vendent à prix d’or leurs bestioles pour permettre la pollinisation de champs dont les pesticides tueront en un rien de temps les Maya importées. Quand on n’en est pas carrément à de la pollinisation manuelle. Oui, j’vous dis pas le boulot. Bref ! Tout cela n’empêche pas le business de la mort au kg/ha de se développer, avec tout plein d’entreprises faisant tout plein de rapprochements, qui plus est. Comme Syngenta, par exemple, premier producteur mondial de pesticides, qui, à la suite d’une dévaluation boursière s’est fait racheter par ChemChina. En décembre dernier, c’était DuPont et Dow Chemicals qui annonçaient leur fusion. Alors est-ce à dire que le marché va mal ? Eh bien oui et non. C’est-à-dire qu’on utilise de plus en plus d’OGM et de pesticides dans le monde, y compris, on va en parler, au Maroc, cependant, les aléas du cours du dollar et de la crise économique affectant le secteur agricole a fragilisé quelque peu nos géants, qui ont donc besoin encore plus de nous convaincre que leurs produits sont bel et bien bons. Tenez, par exemple, puisque c’est avec cette substance qu’on a commencé, le glysophate, l’Union Européenne devait statuer sur son interdiction. D’où le coup de l’urine parlementaire testée par un groupe d’activistes, d’ailleurs. Mais la décision a été une fois de plus repoussée sine die.

Pourtant, de fait, les preuves s’accumulent contre les pesticides. Du coup, au Maroc, un comité de pilotage intitulé « Élimination des pesticides obsolètes et mise en œuvre du programme de gestion intégrée des ravageurs et des pesticides au Maroc » a été mis en œuvre en mars 2015, rassemblant l’Office National de Sécurité Sanitaire et Alimentation et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. En février dernier, nous en étions déjà à une seconde réunion, visant à progressivement interdire les pesticides les plus dangereux et, en premier lieu, les pesticides obsolètes, puisque de nombreux stocks de vieux, parfois très vieux pesticides, périmés depuis longtemps, absolument pas aux normes, continuent de poser problème. Mais ce n’est pas tout : trois pesticides, dont le glyphosate mais aussi le diazinon et le malathion sont dans le viseur. Ainsi, l’index phytosanitaire de l’ONSSA nous informe aujourd’hui qu’officiellement, ces trois substances ont disparue ou presque des produits commercialisés et importés au Maroc. D’ailleurs, le Maroc est régulièrement classé parmi les pays les plus verts de la région. Sauf que…

Si l’Afrique ne représente pour le moment que 4% du marché mondial des pesticides, l’OMS souligne qu’au moins 30% des produits commercialisés sur notre continent sont hors normes. Je rappelle que les trois substances que je viens de nommer sont elles, aux normes tout en étant quand même classées cancérigènes probables, ce qui signifie qu’une part non négligeable, si ce n’est la majorité des pesticides, souvent importés un peu par la bande, sont probablement dangereux, très dangereux. Et comme en plus, ici, nous avons un problème de formation des agriculteurs qui ne maîtrisent pas encore très bien les techniques liées, les risques sanitaires, pour eux comme pour les consommateurs sont multipliés, hélas…


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