Les invités
• Fatima Dehbi, doyenne de la Faculté des sciences et techniques de santé à l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé de Casablanca
• Redouane Rabie, chef du service urologie à l’hôpital universitaire international Cheikh Khalifa
• Nadia Assoui, infirmière au centre de santé Sidi Bouzid, ancienne infirmière au CHU Ibn Rochd de Casablanca
Édito
Le secteur de la santé est malade et ses maux sont assez profonds. Parmi eux, le manque de ressources financières, le manque de matériel médical, le manque d’unités hospitalières, le manque de médecins, mais aussi, et c’est notre sujet aujourd’hui, le manque d’infirmiers. Et quand nous parlons de manque, il est plus question de pénurie ; une bien grosse pénurie d’infirmiers. Il y aurait, au Maroc, 8 à 9 infirmiers pour 10 000 habitants. C’est très peu. D’ailleurs, le Maroc est sur la liste des pays où le manque en infirmiers est assez alarmant ; le ratio idéal et recommandé étant de 25 infirmiers pour 10.000 habitants.
Le constat de pénurie ne date pas d’aujourd’hui et pourtant les choses en vont pas en s’améliorant, bien au contraire, elles s’accentueraient davantage. Par ailleurs, les solutions, il n’y en a pas beaucoup. S’il manque des infirmiers, il faut former des infirmiers. Le Maroc aurait ainsi besoin d’en former entre 100.000 à 120 000 nouveaux d’ici à 2025. Mais ce n’est pas si évident. Les formations sont coûteuses, sans parler du cas assez particulier des écoles de formation au métier d’infirmier, qui ont longtemps été au centre des débats et suscité la polémique. Nous y revenons dans ce débat.
Par ailleurs et si la solution à la pénurie est unique, les causes de la pénurie, elles, sont multiples. L’accroissement de la population par exemple, mais aussi la hiérarchie des âges des infirmiers et les départs en retraite. Selon le Ministère de la Santé, l’âge de près des deux tiers du personnel infirmier actuellement employé dans le secteur de la santé dépasserait les 45 ans. C’est dès aujourd’hui qu’il faut planifier leur départ à la retraite, ce qui n’est pas tout à fait le cas au vu des faibles arrivées de nouvelles recrues. D’autres raisons de cette pénurie sont évoquées, nous en débattrons avec nos invités.
Mais il y a aussi, et c’est à signaler, comme une réticence à s’orienter vers le métier d’infirmier. Les conditions de travail sont jugées très peu adéquates en termes de pénibilité mais également, et beaucoup d’infirmiers s’en plaignent, en termes de sécurité.
Comment le Maroc a-t-il laissé faire une aussi grave pénurie en personnel infirmier ? Quelles sont les causes et pourquoi les solutions ne se mettent-elles pas en place ? Quelle est la vérité sur la pénibilité du métier ? C’est le débat que nous ouvrons avec nos invités cet après-midi dans Avec Ou Sans Parure.
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