Le discours de SM le Roi adressé au sommet Arabe au mois de juillet, s’inscrivait dans la continuité de celui prononcé à Riyad quelque mois auparavant, et qui avait donné « un ton nouveau », aussi bien à la diplomatie marocaine qu’à la politique intérieure. Un ton « souverainiste ».
En parlant de la construction d’un « État moderne, fondé sur la citoyenneté, le droit et l’attachement à l’intégrité territoriale et à la souveraineté nationale » comme étant un pari civilisationnel, le Roi nous invite à définir un cadre conceptuel en vue d’identifier et de définir notre logiciel et notre matrice culturelle, ou en d’autres termes, les fondements ontologiques de notre souveraineté.
Plus récemment, Ilyas El Omari, Secrétaire général du parti « Authenticité et Modernité », a, dans un appel à l’unité nationale, mis en avant un constat d’une extrême importance, celui de la fin du clivage « gauche / droite ».
En effet, l’effondrement du mur de Berlin a entrainé dans sa chute un clivage idéologique plus que centenaire, celui qui opposait une gauche prétendument progressiste à une droite faussement conservatrice. Ce qui explique qu’au Maroc, comme un peu partout ailleurs de nos jours, on trouve une gauche libérale, drôle d’oxymore quand même, je dirais même une gauche de droite, comme le PPS aujourd’hui. Triste destin ! Ou encore, une droite sans valeurs, je n’en dirais pas plus.
Ce clivage désormais archaïque, et surtout inopérant, doit céder la place à une nouvelle polarisation, opposant les « souverainistes » aux « mondialistes ».
Loin d’être un concept creux, la souveraineté est le cadre permettant la manifestation de notre épistémè, de notre âme en tant que peuple, de notre « passionarité », c’est-à-dire, de notre énergie vitale en tant que Nation, cette même énergie qui donne épisodiquement lieu à des théophanies populaires, dont la dernière en date fut incontestablement « la marche verte ».
La souveraineté c’est également l’affirmation d’une destinée, d’une « téléologie » nationale, d’une continuité plurimillénaire unique, mythique peut-être, mais qu’importe, car tout ce en quoi le peuple croit, existe réellement en tant que manifestation sociologique, et produit des effets dans le réel.
La souveraineté n’est ni de gauche ni de droite, ni amazighe ni arabe, ni islamique, ni juive, ni laïque, elle est tout simplement marocaine.
Elle est également tout ça à la fois car elle transcende tous ces clivages. C’est la « Tamaghrabit ».
Elle est l’expression du peuple en tant que source primordiale et ultime de la souveraineté.
Alors non, ce n’est pas un fascisme, bien au contraire, n’en déplaise aux libéraux. Ce n’est pas non plus le refus de la diversité. C’est même la centralité de la diversité que l’on oppose à cette Tour de Babel du mondialisme et du consumérisme.
La question de l’ « identité nationale », gros mot pour certains, politiquement incorrect pour d’autres, est incontestablement l’un des concepts dont la définition est la plus vitale pour la souveraineté d’un pays.
Qui sommes-nous ? Somme-nous une périphérie de l’orient arabe comme le phantasme certains ? Sommes-nous un peuple tampon entre l’occident et l’orient ?
Si nous sommes incapables de répondre à cette question, alors il se trouvera très certainement des gens pour le faire à notre place.
Comme le dit un proverbe africain, « Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens ».
Soyons clair, nous ne refusons pas la modernité, mais nous exigeons de pouvoir la réinventer, la territorialiser, en d’autres termes, la « marocaniser », car l’histoire de notre peuple et la terre de nos ancêtres, sont la matrice de notre identité.
Nous refusons plus que tout de subir une modernité que l’on n’a pas choisie, et dont on ignore l’aboutissement. Car un navire qui ignore vers quel port il navigue, aucun vent ne peut lui être favorable.
Or, des vents, il en souffle de partout aujourd’hui.
« The wind of change » disait la célèbre chanson.
Car le monde change, et les bouleversements qui s’opèrent actuellement dans les rapports de force entre puissances, offrent au Maroc la possibilité de reconquérir des parcelles de souveraineté perdues, notamment sur le terrain économique comme le pouvoir de battre monnaie, diplomatique comme la liberté d’établir des alliances selon nos intérêts, et surtout culturel.
Nous vivons à l’aube d’un « hapax » géopolitique, d’une occasion unique de reprendre notre destin en main. L’émergence d’un monde multipolaire est incontestablement une condition « sine qua non » de la reconquête de la souveraineté par les États-Nations.
Donc défendre notre souveraineté, c’est également et avant tout, défendre celle de tous les autres peuples.
J’ai presque envie de dire « Souverainistes de tous les pays unissez-vous ».
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