Et si une nouvelle famille était en train de naître ? Sous nos yeux, sous nos cieux ? Si oui, quel nom, nouveau, faudra-t-il lui donner ? Il n’est pas possible de répondre à cette question, autrement qu’en posant à la dite question, les problèmes qu’elle soulève. Celui, probablement central, d’une société en transition, en mutation, celui d’une société qui change de situation, dont la grammaire change, mute…
Souvenons-nous… Il n’y a pas si longtemps, nous étions ce monde non pas figé, mais qui prenait la forme et le fond, d’un ordre… D’une cartographie où chacun avait sa place… Sous un ciel clair, existait, comme du temps du théâtre classique, une sorte d’unité de temps et de lieu… Et de personnages… Il y avait l’Imam qui conduisait la prière, le Kady, qui disait la Loi, Le Père qui la faisait, La Mère qui mettait au monde, L’enfant, dont, au passage, l’étymologie, universelle, signifiait, « celui qui ne parle pas »…
Il y avait le Fou, cet être craint et respecté, d’où émanait une parole insensée, qui était aussi parole de vérité. Les êtres de la nuit, sorciers, possédés, et les êtres de la perdition, femmes et corps adultérins… La société traditionnelle avec son jour et sa nuit, nous faisait blancs ou noirs… La famille nous était une protection, renforcée par le nombre de ses membres, elle faisait que plus nous étions liés, plus nous étions protégés. Nos vies, si elles s’en remettaient aux lois du destin, marchaient au pas de la répétition, de la ressemblance. Et ne sortait du groupe que le Diable… Disait-on alors… Diable, que s’est-il passé ?
Qu’est donc cette société devenue… Est-elle totalement derrière nous ? Morte, la communauté des jours qui se suivent et se ressemblent… Quid de ces héros ? Alors, oui, c’est un peu compliqué et mille thèses, essais, ne sauraient la décrire telle qu’elle est, cette nouvelle donne, ce nouveau social, cette nouvelle famille Marocaine. Aux prises avec une vie, dite moderne, entre le temps digital, et les nouvelles habitudes, vit-elle un tremblement de tête ? Les enfants, ils parlent ! Ils ont cloué le bec à l’étymologie ! Et qui les empêchera, nos enfants, de passer à table, smartphones à la main, de ne pas dire un mot de leur journée, alors qu’une grosse bulle verte les occupe, entre deux bouchées…
Quelle famille ? Lorsque mari et femme, peuvent, dans certains cas s’octroyer le droit à une vie plus privée que privée, une sorte de double vie, en somme, que les réseaux, les murs, et autres comptes à régler avec le quotidien, qui est une vie de compensations quotidiennes, avec ses fleurs bleues ou ses manquements grave à l’éthique… Et l’Amour, il ne veut plus être un conte que l’on raconte pour faire patienter les corps et les âmes ! Non, il veut se faire, librement, au détriment de cet ordre qui n’a plus qu’à lever les yeux au ciel, pendant que les amants bravant la loi, navrent leurs ancêtres…
L’Amour, ou le Glamour ? Cette caricature, que les esprits les plus faibles, au fond, puisent partout, – séries télévisées, images retouchées, et autres vies par procuration… De sorte qu’une sorte de haine ordinaire du quotidien, qui frappe tout, et partout, s’attaque à ce qu’il peut y avoir de beau, certes d’ennuyeux, dans la nature de nos sentiments… Le glamour n’est-il pas le premier ennemi du temps long, celui de nos grands-parents, qui savaient, eux, que l’Amour vient… Souvent à la fin.
Que vous dire de plus, – que nous sommes moins nombreux, autour de la table, et que le divorce est plus présent dans nos vies que la parole d’un ancien qui vous parle d’éternité… Pour autant, nous inventons une famille, autre, avec ses turbulences, ses écrans tactiles, ses rêves d’éternité, ses fantasmes, son droit… Nos enfants, un jour, en auront redessinés les contours, trouvés le nouveau nom… Quant à nous, regardons-la se réinventer, soit en payant le prix de ces contorsions, soit en vivant heureux, sa force de traverser les nuées… Mais avec la conviction que le génie, c’est de durer… !
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