Le Japon est une terre confrontée à des défis très spécifiques : petit archipel (364 000 Km2), grande population (126 millions d’habitants), séismes et typhons. Un cocktail explosif qui exige créativité et technicité de pointe de la part des urbanistes, ingénieurs et architectes. Les challenges et la pression sont énormes, surtout à Tokyo, l’une des villes les plus peuplées du monde : 37 millions d’habitants et un métro qui transporte chaque année 3 milliards de passagers car dans ce pays hors normes, 94% de la population est urbaine.
Dans ces mégalopoles géantes nippones, l’urbanisme et l’architecture doivent s’adapter à de fortes contraintes : un foncier très limité, des besoins en logements urbains très élevés, et des menaces constantes de typhons et tremblements de terre. En effet, le Japon et en particulier les régions de Tokyo et Kobé sont au carrefour de trois plaques tectoniques, ce qui en font l’une des zones sismiques les plus actives du monde.
Les architectes japonais sont donc à la pointe en matière de construction antisismique. Ils ont développé des immeubles qui reposent sur de gigantesques ressorts d’acier ou amortisseurs à l’huile qui absorbent les ondes de choc et génèrent un mouvement de balancier ce qui empêche l’effondrement des tours et immeubles de plus de 200 mètres de haut, capables de résister à des secousses jusqu’à 6 sur l’échelle de Richter.
Du fait de l’énorme densité de population, dans les grandes villes japonaises (Yokohama, Osaka, Nagoya…), plus de la moitié des parcelles constructibles font moins de 100 m2. Ce qui exige là encore de la part des architectes, ingéniosité et compétences en ingénierie structurelle très poussées. La conjonction de tous ces facteurs fait des architectes nippons des références mondiales de la discipline.
Le palmarès du Pritzker Prize le montre clairement. Le Japon est le premier pays représenté dans ce Prix Nobel de l’architecture, remporté 7 fois. Kenzo Tange en 1987, Fumihiko Maki en 1993, Tadao Ando en 1995, l’agence Sanaa en 2010 et son duo Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, Toyo Ito en 2013 et l’architecte-humaniste Shigeru Ban en 2014. Discrets mais efficaces, ces architectes redessinent les contours de l’architecture du 21ème siècle, ils l’ancrent dans une modernité radicale, pour transcender les contraintes de l’urbanisme du futur, tout en imaginant des solutions axées développement durable.
Et n’hésitent pas pour le faire à se lancer dans des projets expérimentaux comme ceux de Kengo Kuma, qui veut explique-t-il « effacer l’architecture » ou concevoir une approche holistique où l’on pense l’environnement et le paysage dans son ensemble.
Poster un Commentaire