« La résistance s’organise face à Donald Trump », titre Le Monde. Le terme est revendiqué par « les intéressés ». Il s’agit d’actes pacifiques : manifestations, pétitions et port d’une épingle à nourrice en signe de reconnaissance. Cette initiative est inspirée de l’idée d’une Australienne, qui, après qu’un homme est intervenu dans un train pour protéger une femme forcée d’enlever son voile, s’était demandée comment montrer aux gens « qu’on est là pour eux ». Elle a donc proposé que l’épingle de sûreté signifie désormais : « Si vous êtes musulman, femme, homosexuel, personne de couleur, latino, transsexuel, immigrant ou handicapé : je suis avec vous ». La proposition a été reprise au Royaume-Uni, après le référendum du Brexit, dont un des résultats a été l’augmentation soudaine des agressions. Elle fait désormais son chemin aux USA.
C’est que le pays de la Liberté voit fleurir des graffitis de croix gammées, rien que ça. Une église du Maryland, où l’espagnol est parlé, en a vu une peinte sur son mur, avec la mention « Trump Nation, Whites Only » (« La nation de Trump, pour les Blancs seulement »). Une vedette de télévision, d’origine pakistanaise, a été prise à partie dans un bar. À travers le pays, les étudiants Noirs sont menacés au nom de « Daddy Trump ». Et même si l’intéressé s’en défend devant les caméras, le Ku Klux Klan prévoit une « marche de la victoire » le 3 décembre. La célèbre association pour la défense des droits civiques, l’ACLU, annonce sa vigilance et sa mobilisation.
Au Maroc, nous aurions quelques bonnes raisons de comprendre comment Donald Trump, qui s’est autoproclamé « anti-establishment » alors qu’il est lui-même fils de milliardaire, a pu être élu. Nos récentes élections viennent de reconduire au pouvoir un Chef du gouvernement, déjà en poste, qui se présentait comme la victime d’un « tahakkoum » tellement bruyamment dénoncé que, l’on s’en souvient, le roi lui-même avait dû y mettre le oh-là. Si ces positionnements — en victimes d’un système dont ils sont pourtant les premiers bénéficiaires — se ressemblent, cela n’a rien d’un hasard.
Suffisamment de cadres et idéologues du PJD sont, ou ont été formés aux États-Unis. Mustapha Khalfi avait un jour expliqué à La Nouvelle Tribune qu’il s’inspirait de la conception des « valeurs familiales » qu’avaient les républicains étatsuniens dans les années 70. Elles n’ont pas changé depuis, on le saurait. Mais c’est toute la stratégie politique, qui est la même : pour masquer une action économique de dérégulation des plus néolibérales, on prétend se soucier des pauvres en mimant leur langage, et l’on lance au premier plan une cultural war, une guerre culturelle, en promouvant un ordre moral que l’on qualifiera le plus justement possible de puritain. Protestant là-bas, salafiste ici. Simple adaptation locale. Mais en réalité, ce puritanisme ne conserve rien du tout, bien au contraire : il s’attache à détruire la plus ancienne sagesse qui a fondé et façonné le pays et sa région.
Il y a une différence, tout de même. Depuis ce 8 novembre, ce sont désormais près de 20% des Américains qui vont avoir accès tout à fait légalement au cannabis « récréatif ». Ils en auront certainement bien besoin. Mais, pour l’instant, le premier producteur mondial, le Maroc selon l’ONU, ne semble pas vouloir se positionner sur ce marché qui, pourtant, offre des opportunités alléchantes tant au secteur privé qu’aux États concernés. Le seul Colorado a ainsi engrangé 70 millions de dollars de taxes grâce à l’or vert légalisé.
En mélangeant savamment des « samples » de Steve Reich avec la voix de Ricky Lee Jones évoquant son enfance dans l’Arizona, le groupe britannique The Orb plaçait « l’ambient house » parmi les courants majeurs de la musique pop, en 1990, avec son révéré Little Fluffy Clouds (« les petits nuages moelleux »).
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