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question sociale

Retourner à la question sociale


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question sociale

Pour ceux qui aiment l’analyse, le temps de la réflexion, la distance vis-à-vis des choses, essentielle à qui veut cerner l’objet véritable d’une réflexion valable… Il n’est pas vain de rappeler que l’époque pourrait bien, pour l’Intellectuel « classique », l’ancien, celui qui, armé de sa bonne vieille dialectique, a bien du mal à faire entendre sa voix, aussi forte soit-elle, cette voix qui, longtemps, fût celle des sans-voix, des sans-grades, des petits.

Comprendre : des vulnérables, des humiliés. Qui se préoccupe de ceux-là ? Ceux qui n’ont rien, expression qui fournit, en son étymologie, le terme prolétaire.

Oui, longtemps, – et la Philosophie n’échappe pas à cette tradition, il y eût à penser, et c’était aussi un devoir, pour qui voulait être juste, il y eût à parler de ce qui pousse les Hommes à dominer, où à être dominé.

Dominants et dominés, gouvernants et gouvernés, maîtres et esclaves… Mépris et reconnaissance ! Voilà ce que, longtemps nous enseigna l’Histoire. Et la manière dont elle accouchait tant de la Constance apparente et linéaire des choses, que de l’irruption de l’Evènement, de l’Inattendu. Qui, pour autant qu’il fait irruption sans prévenir, appartient au Réel, qu’il incarne, comme ce qui résiste, peut-être plus que le reste !

Mais retournons à l’époque…

Et posons une simple question : que pense-t-on, aujourd’hui, qui soit, non pas essentiel, mais qui permette de retourner à la racine même des choses ?

L’époque, on le voit, on l’entend, et on le lit, l’époque, toute entière, semble vouée à penser le sociétal, marque suprême de postmoderne qui, s’il fallait, sur ce point, en résumer les moyens et les effets, a conduit les sociétés à des mécanismes de simple et pure gestion des revendications, des désirs, des psychés, et les analyses à suivre ce mouvement. Gestion postmoderne, gestion des questions, et non plus de la Question.

De sorte que pour être digne, pour être juste, il faudra s’indigner contre l’injustice du jour ! Ici, on a insulté un africain, là, on a lynché un homosexuel… Et les citoyens, ou les facebookers, parce qu’ils ont du cœur, sont émus, touchés. Et le plus justement du monde, s’indignent, réagissent, peuvent, si les circonstances le commandent, agir.

Et qui pourrait les en blâmer ?

Puissance de l’époque, qui fragmente, redistribue, pour mieux les rendre viraux, les faits, les vérités, et surtout, les émotions ! Alors, comment, si l’on veut penser, se protéger de la pensée du virus ? Comment, au fond, résister à ce qui, dans ce faux réel qui s’amuse à résister, retrouver le chemin du sens, du discernement ?

En retournant à la dialectique.

En posant la question simple, en son être même : qui possède la puissance et qui est humilié ? C’est-à-dire, retourner à la Question Sociale ! Qui frappe qui ? Qui insulte qui ? Qui tabasse, et qui est tabassé ? Le postmoderne, grand gestionnaire des pulsions, nous aura éloigné de la vérité du social, celle qui veut que la puissance, cette faculté inhumaine, peut et doit encore être pensée comme le possible et seul moteur des choses. Comme machine à produire les faits, et même l’événement !

Alors que l’époque nous lance, à chaque minute, des invitations à l’indignation, à la sensiblerie, alors que nous subissons la tyrannie des émotions, une question permet, elle, de ne pas se tromper : qui est l’Humilié ? Seule question, qui, dans la confusion des jours, permet d’apporter la réponse la plus juste. Et de retourner à la Vérité du Réel.


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