Sur la photo publiée par Bild, le jeune homme de 22 ans, crâne rasé, porte un sweatshirt rouge et un caleçon blanc. Il est assis sur le bord d’un canapé bleu, ses pieds sont liés par une rallonge électrique, il garde les yeux fermés tandis que, derrière lui, le bras musclé d’un autre homme le force à tourner la tête vers l’objectif du téléphone.
Il n’est pas facile de reconnaître que c’est bien celui des images diffusées par la police allemande d’un individu à la mèche rebelle et à l’air buté — on ne sait s’il grimace à cause du soleil ou en direction de l’objectif — dans un sweat sombre imprimé du mot « project » avec motifs triangulaires dans une esthétique vaguement électronique.
Il s’agit pourtant du même. Le réfugié syrien, recherché tout le week-end par les renseignements germaniques, après qu’il ait fui la perquisition de son domicile où a été retrouvé 1,5 kilo d’explosifs. Ce qui en fait un suspect très sérieux.
100 kilomètres plus loin, donc, Jaber Al-Bakr profite du réseau d’entraide entre réfugiés et se fait héberger par des concitoyens vivant à Leipzig. Seulement voilà, les autorités diffusent son avis de recherche en arabe, et les colocataires découvrent avec stupeur qu’ils ont chez eux un homme recherché pour avoir préparé un attentat dans leur pays d’asile. Malgré qu’il leur offre de l’argent, ils le maîtrisent, le ligotent et vont au commissariat du quartier montrer la photo de leur prisonnier.
Silence consterné au sein des extrêmes droites européennes. Sur Twitter, un journaliste du Welt, Florian Flade, ironise : « Terroriste arrêté : Pegida et les autres : 0, réfugiés : 1. »
Pendant ce temps-là, le gouvernement britannique de Theresa May voudrait établir une liste des employés étrangers, et, chez nos amis français, à Saint-Hilaire-du-Rosier, de courageux anonymes tirent au fusil de chasse sur les bâtiments prévus pour abriter des migrants. Soixante d’entre eux. Parmi les millions actuellement sur les routes.
Et puis face à l’atroce fait-divers de Grigny, qui a vu des policiers brûlés vifs par ce qui semble être des voyous de quartier — dont on ne sait rien et que l’on suppose privés de leurs revenus illégaux par les forces de sécurités — on entend le ministre Bernard Cazeneuve — pourtant pas le pire, puisqu’il ose, lui, rappeler parfois le droit aux populistes — user d’un terme que l’on avait un peu oublié, depuis 17 ans que son prédécesseur, Jean-Pierre Chevènement, l’avait utilisé. L’écrivain Philippe Sollers avait alors publié, dans une célèbre chronique à ce propos : « Mais d’où vient, à propos des casseurs, le mot « sauvageon » ? De quel mauvais roman scout ? »
Et dire que ce même Chevènement est aujourd’hui officiellement pressenti pour diriger quelques fondations pour l’islam de France…
En 2004, Kraftwerk enregistrait à Budapest une magnifique version live de son tube novateur de 1977, Trans Europ Express [3:10 − 3:32 ad lib.]
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