Invités : Rajae Rabhi, Neurologue à l’hôpital Moulay Youssef de Casablanca, Mohamed Agoub, Psychiatre au CHU Ibn Rochd de Casablanca et Mohamed Ouaddi, Président de l’AMAMA (Association Marocaine d’Alzheimer et Maladies Apparentées).
Le troisième âge, la vieillesse ou la période qui se situe à la fin de la vie d’un être humain. Un âge qui a tendance à reculer dans le monde au vu des progrès de la médecine.Au Maroc et selon des projections démographiques du Haut-commissariat au Plan, les personnes âgées deviendraient 5,8 millions en 2030 évoluant à un rythme moyen annuel de 3,5% ; elles représenteraient 15,4% de la population totale à l’horizon 2030 et de 25 % en 2050. Dans son enquête nationale sur les personnes âgées, le HCP avait aussi confirmé que le Maroc est à un stade avancé de la transition démographique, l’espérance de vie dépasse 72 ans et la fécondité de 2,2 enfants par femme n’est plus qu’à quelques décimales seulement du seuil de remplacement des générations.
Un allongement de la vie qui est présenté comme étant un progrès, et ça peut l’être effectivement, mais dans quelles conditions nos personnes âgées vivent-elles, comment sont-elles prises en charge et surtout, le Maroc est-il préparé au vieillissement de sa population ?
Car une personne âgée est par définition une personne en fin de vie active, une personne qui perd peu à peu de son autonomie, qui est souvent malade et qui a plus que jamais besoin de prise en charge et d’assistance, ce qui implique un meilleur financement des retraites, une sécurité sociale et une couverture médicale efficaces. Le Maroc en a-t-il les moyens ?
Le Conseil économique, social et environnemental avait émis en 2014 des recommandations pour protéger les personnes âgées à travers notamment une amélioration de la protection sociale puisqu’en 2010, 80 % des personnes âgées n’avaient pas de couvertures médicales. L’amélioration de l’accessibilité physique puisque le CESE avait relevé que les personnes âgées vivent dans des logements inadaptés à leurs spécificités ; un problème qui se pose aussi dans l’espace public et au niveau des transports. Le Conseil avait également recommandé de promouvoir la participation sociale des personnes âgées et d’améliorer la connaissance de leur situation pour pallier la rareté des chiffres les concernant.
Face à une insuffisance flagrante d’actions publiques et privées à l’adresse des personnes âgées, celles-ci bénéficient, toutefois, d’un esprit de solidarité encore présent en force au Maroc puisqu’elles vivent assez souvent avec leurs enfants. Mais cela ne dispense évidemment pas l’État de les prendre en charge. La solidarité n’étant pas une mesure et le constat étant clairement qu’il ne fait pas bon vieillir au Maroc.
Un proverbe écossais dit, je cite, « Réglez bien votre jeunesse, et votre vieillesse se réglera d’elle-même. ». Les problèmes des personnes âgées au Maroc ne sont-elles pas finalement le cumul des problèmes de leur jeunesse ?
Poster un Commentaire