Les invités
• Jallal Toufiq, professeur de psychiatrie – directeur de l’Hôpital universitaire psychiatrique de Salé
• Hicham Elberri, chef de la division des maladies non transmissibles au Ministère de la santé
• Hachem Tyal, psychiatre – psychanalyste
• Latifa Zniber, vice présidente de l’Association Sila
• Nadia Moushtaq, présidente de la Fédération Nationale pour la Santé Mentale
Édito
La santé mentale au Maroc a sa stratégie sectorielle. Elle s’étale de 2012 à 2016 et c’est donc l’heure des bilans, d’autant plus que le 10 octobre dernier, le monde a célébré la Journée internationale de la santé mentale. Plus de 400 millions de personnes souffriraient de troubles mentaux ou neurologiques au Maroc.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la dépression nerveuse serait la 5ème cause de mortalité dans le monde ; c’est déjà grave et préoccupant, mais la situation est appelée à s’aggraver davantage puisque l’OMS prévoit que cela devienne la 2ème cause de mortalité dans le monde d’ici à 2020. Mais si la maladie mentale est en soi une difficulté majeure, les conditions de vie et de traitement des personnes malades le sont tout autant.
Dans un rapport du Conseil National des Droits de l’Homme, il a avait été signalé la situation jugée précaire et dégradante dans les établissements de traitement des maladies mentales. Le CNDH avait ainsi fait état de carences et d’insuffisances au niveau des infrastructures mais aussi au niveau de la législation se rapportant à la santé mentale.
Dans une société où la maladie mentale est encore taboue et où les malades et leurs familles vivent le trouble mental dans la honte et le déni, ceux-ci doivent aussi faire face à un manque patent dans la prise en charge de la maladie et des malades. Beaucoup de médecins et d’acteurs associatifs dénoncent en effet que la maladie mentale ait été et continue d’être le parent pauvre de la médecine, en termes de soins, de budget et de politiques publiques.
Nous ferons le point avec nos invités sur les maladies mentales. Quelles sont-elles ? Comment sont-elles prises en charge ? Comment les malades sont-ils soignés, dans quelles conditions et à quel coût ? Le sujet est de grande importance car les chiffres sont souvent méconnus et ils ont de quoi faire froid dans le dos, car les ignorer c’est ignorer la proportion réelle du problème de santé publique que sont les troubles mentaux. Un rapport du Ministère de la Santé nous apprenait en effet qu’un marocain sur deux souffrirait de problèmes psychiatriques. Pour les prendre en charge il manque des médecins spécialisés en nombre, il manque des établissements spécialisés en nombre, il manque un cadre juridique et législatif et il manque surtout une conscience générale et collective. Où en sommes-nous des objectifs de la stratégie sectorielle 2012-2016 de la santé mentale ? Place au débat.
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