Yves Saint Laurent: The Hamish Bowles Collection: une histoire tissée par le regard d’un collectionneur…
Yves Saint Laurent: The Hamish Bowles Collection: une histoire tissée par le regard d’un collectionneur…
Il y a des vêtements qui racontent une époque, d’autres qui incarnent un créateur. Et puis, il y a ceux qui, par le regard d’un collectionneur, deviennent le reflet d’une obsession, d’une fascination intime pour l’étoffe et sa mémoire. Depuis le 31 janvier 2025, le Musée Yves Saint Laurent Marrakech lève le voile sur « Yves Saint Laurent : The Hamish Bowles Collection », une plongée dans l’univers du couturier à travers l’œil d’un passionné, où 55 silhouettes se détachent des pages de l’Histoire pour retrouver l’éclat du présent…
Une exposition, certes. Mais aussi un dialogue entre un créateur et celui qui a su reconnaître, traquer et rassembler les traces de son génie. Hamish Bowles, éminent historien de la mode et collectionneur d’exception, dévoile ici des pièces issues non pas d’archives institutionnelles, mais de son propre vestiaire, accumulé avec une minutie quasi obsessionnelle. Un Yves Saint Laurent vu sous l’angle d’un amateur éclairé, où chaque vêtement devient une relique, une confidence d’étoffe et de coupe.
Mais au-delà de la collection elle-même, c’est la mise en espace qui donne à cette rétrospective une résonance particulière. Madison Cox, président de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent et de la Fondation Jardin Majorelle, revient sur la genèse de cette collaboration, entre évidence et audace.
Sous la direction du metteur en scène anglo-irlandais Patrick Kinmonth, la scénographie ne se contente pas d’exposer, elle met en tension, en mouvement. Trois époques, trois moments clés d’une trajectoire légendaire : les débuts chez Christian Dior (1958-1960), la naissance de sa propre maison (1961-2002) et l’avènement de Saint Laurent Rive Gauche. Un triptyque où la mode devient langage, chaque période répondant à l’autre, dans une narration ciselée, pensée pour faire résonner l’audace et la modernité du couturier.
C’est cette logique d’immersion qui guide la construction de l’exposition. Madison Cox nous en dévoile les intentions, soulignant comment la structure même du parcours reflète la transformation du style de Saint Laurent, de la rigueur initiale à la libération des formes et des inspirations :
Dans ce jeu de correspondances, certaines pièces s’imposent comme des jalons incontournables : la robe de cocktail de l’automne-hiver 1957, incarnation du style naissant du couturier chez Dior, ou encore la combinaison bleue Rive Gauche, fétiche de Betty Catroux. Entre ces silhouettes, des croquis, des fiches d’atelier, des archives visuelles, autant de fragments du processus créatif qui font basculer cette exposition d’une simple rétrospective à une expérience immersive.
Mais cette sélection ne repose pas uniquement sur des critères esthétiques ou historiques. Il y a, dans le choix des pièces, un regard singulier, celui d’un collectionneur dont la passion pour le textile s’est forgée dès l’enfance. Un amour viscéral pour la couture, qui le pousse à chiner, à traquer des trésors d’étoffe et de coupe. Et c’est d’ailleurs ainsi qu’a commencé sa relation avec Saint Laurent : par un vêtement, une trouvaille qui fut le premier chapitre d’une collection sans cesse enrichie !
Plus qu’un hommage, cette exposition est une réflexion sur la mode et le temps, sur ce qu’un vêtement dit lorsqu’il traverse les époques et les regards. Un dialogue entre le créateur et celui qui, bien des années plus tard, redonne vie à ses œuvres par le prisme de sa propre subjectivité. Entre transmission et réinterprétation, entre mémoire et modernité, « Yves Saint Laurent : The Hamish Bowles Collection » résonne comme une invitation à redécouvrir le couturier sous une lumière nouvelle. Un voyage dans le musée, où chaque pli, chaque matière, chaque coupe raconte une histoire…
Poster un Commentaire